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4 septembre 2015 5 04 /09 /septembre /2015 13:15

Vous voyez très bien de quelle photo il s’agit, inutile d’en rajouter. Elle a bouleversé le monde entier nous dit-on, et certes il y a de quoi : qui ne le serait pas à la vue de ce petit enfant mort, face contre terre, sur une plage où probablement des vacanciers insouciants se prélassaient il y a encore quelques jours. Les médias nous l’ont montrée jusqu’à l’écœurement, et je pensais que passé le premier jour un peu de pudeur et de décence seraient de mise. Que nenni je viens de recevoir mon quotidien régional où elle s’étale en très grand à la une. Je trouve ça un peu ridicule parce qu’il n’y a plus aucun effet « de nouveauté » qui justifie cette une, mais surtout le choix du format y ajoute quelque chose de voyeurisme qui me donne la nausée.

Qu’on ne se méprenne pas je suis loin d’être insensible au sort des réfugiés, exilés et autres « migrants », mais enfin qu’est-ce qu’on découvre aujourd’hui ? Que des milliers de personnes fuient des pays en guerre et dans le chaos ? Que leurs conditions de voyage sont catastrophiques ? Qu’ils sont les victimes de réseaux de passeurs sans vergogne ? Qu’ils sont désespérés au point de risquer leur vie et celle de leurs enfants ?

Mais qu’y a-t-il de nouveau là-dedans ? L’Europe, le monde entier même, semble découvrir une réalité qui malheureusement existe depuis des années, voire des décennies et contre laquelle personne ne semble faire grand-chose. Aurait-on oublié le drame des « boat people » dans les années 70 ? Le centre de Sangatte était-il une joyeuse colonie de vacances ?

Ce qui me choque le plus dans cette image, ce n’est pas le problème des réfugiés, des migrants, quel que soit le nom qu’on leur donne. Ce qui me met en rogne c’est la capacité des gouvernements, quels qu’ils soient, à oublier les leçons du passé et leur incurie à prendre les problèmes à bras le corps. Il est vrai qu’il est bien plus confortable de soulever le tapis pour y cacher ce qu’on ne veut plus voir. Et de pousser des cris d’orfraie en faisant mine de tomber des nues. Histoire de faire croire que jusqu’à présent on n’a rien fait « parce qu’on ne savait pas » !

 

 

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commentaires

F
La république française a réussi à effacer le souvenir des horreurs qu'elle a fait subir à tous ceux de nos concitoyens qu'elle a contraint à émigrer pendant la prétendue "glorieuse révolution", toujours présentés comme des traîtres alors qu'on ne leur a pas laissé le choix entre l'extermination et l'émigration: lisez les récits de Chateaubriand ou d'Elisabeth Vigée-Lebrun et de tant d'autres sur la misère atroce qui leur fut réservée. Quant à Sirius qui parle de juin 1940,il n'a vraiment aucune idée de ce que cela fut: l'horreur absolue était sur toutes les routes de France et les victimes étaient des Belges et surtout des Français du nord du pays: pas besoin d'invoquer les fours crématoires des camps de la mort qui sont un sujet absolument sans aucun rapport.<br /> Petite remarque grammaticale, sans vouloir vous offenser ni aucunement être désagréable, mais je vous sais très légitimement attachée à la pureté de la langue. Il s'agit d'une méprise que je constate de plus en plus fréquente à l'écrit comme à l'oral. Le mot "personne" est du genre féminin, que cela plaise ou non. Il est donc incorrect d'écrire :" des milliers de personne ont fui leur pays en guerre. Ils sont victimes etc..." Non, dix fois non. Il faut écrire ou dire : "Elles sont victimes etc...". Le mot "personne"reste en effet du genre féminin qu'il soit employé au singulier ou au pluriel et la réunion de plusieurs personnes n'a pas pour effet de conférer le genre masculin à toutes par le seul fait de leur regroupement en un même ensemble.
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L
Je ne suis pas aucunement vexée que vous ayez relevé une faute: je suis juste honteuse d'en avoir commise une aussi grosse! La faute à la précipitation sans doute...
S
Penses-tu que si, en 1940, la presse avait montré une photo de défournement d'un crématoire nazi, la guerre en aurait été abrégée pour autant?<br /> <br /> On nous avait pourtant suffisamment abreuvé de photos de guerre au Proche-Orient pour que nous soyons informés avant cette photo somme toute assez banale, si ce n'est que ce petit corps n'était pas dans l'habituel décor de ruines fumantes.
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F
La presse ne pouvait pas montrer des photos de fours crématoires en 1940, et ce pour une raison très simple: le IIIème Reich n'a mis en oeuvre ce qu'il a appelé "la solution finale" qu'en 1942. Simple détail bien évidemment.<br /> En tout état de cause, la problématique des centaines de milliers de réfugiés, français pour la grande majorité, jetés sur les routes par l'invasion allemande en mai-juin 1940 dans des conditions atroces avec les mitraillages de la Luftwaffe destinés à semer la panique en provoquant des centaines de morts civils n'a strictement rien à voir, mais alors vraiment rien à voir avec les autres horreurs commises dans les camps d'extermination à partir de 1942. Un peu de bon sens s'impose, même sur Sirius.
M
Les médias (et les politiques leur emboitent le pas) jouent sur l'émotion pour tenter de (sur)vivre. Un gros titre reste un gros titre, qu'il s'agisse d'un enfant mort sur une plage ou de la victoire d'un sportif français à l'autre bout du monde. Et un gros titre avec une photo choc fait vendre. Autrefois, les journalistes étaient là pour mettre de la distance et tenter de nous offrir quelques matières à réflexion et les politiques là pour mettre en place des solutions (au moins initialement)... Je ne dis pas que c'était mieux avant, mais à force de chercher à seulement se démarquer pour exister on en arrive à ce que chacun oublie son rôle.
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P
Cette photo n'est qu'une photo. Une belle photo et non pas une photo qui informe. C'est son aspect esthétique plus que son sujet qui touche celui qui la contemple. Il ya a eu d'autres photos prises à Lampedusa, en Hongrie et ailleurs. Personne ne s'en émeut. En revanche, le "monde entier" s'émeut de la mort de ce gosse mais pas des autres morts, plus anonymes. Faut-il comprendre que si on avait pu le sauver, lui seul, les autres auraient pu crever?.
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J
Bonjour Ségaline,<br /> Cette photo est insoutenable. Mais ces photographes de presse paraissent insensibles; ils ne cherchent que la photo choc. Au sujet de l'immigration d'aujourd'hui, ce ne sont pas les images et vidéos qui manquent. Hélas ! Alors, pour le "scoop", c'est complètement raté. Il ne reste que le cynisme...
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A
"Le poids des mots, le choc des photos"... est-ce que ça te parle ?<br /> C'était la devise d'un hebdomadaire français d'actualités et d'images, (né en 1949) dont je tairai le nom, mais qui a fait quelques émules... j'aurais acheté le journal ce midi, il en restait quand je suis passée commander une pile spéciale, mais le titre m'a rebutée et j'ai mis la main dans ma poche !<br /> Je partage ton indignation et tes interrogations...
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  • Ecrivain public, profondément rurale je revendique mon amour des bonheurs simples ainsi que mon droit à pousser des coups de gueule et des coups de coeur.
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