Selon ma définition toute personnelle une « macronade » est une annonce vide de sens, un effet d’annonce qui trahit généralement une méconnaissance crasse du sujet abordé. Attention on peu confondre avec « connerie ».
Cela correspondrait assez à la décision de notre chef en marche de rendre obligatoire l’instruction (pas la scolarisation si j’ai bien compris) des enfants dès trois ans au lieu de six comme maintenant. Je dois dire que lorsque j’ai entendu ça je me sui interrogée : mince alors les maîtresses du coin sont des précurseurs (oui je sais il n’y a pas de féminin, ça en dit long sur la vision qu’on a des femmes dans la notion de progrès), moi-même j’ai devancé ce grand homme qu’est Macron puisque j’ai envoyé tous mes enfants en maternelle parfois même avant trois ans ! Incroyable !
Comme si on avait attendu après lui pour croire dans les bienfaits de la socialisation par l’école dès le plus jeune âge, des vertus de l’enseignement « précoce » et des qualités de cet enseignement dispensé dans les maternelles, bien loin de se résumer à du coloriage et des jeux. On va me dire que cela peut être traumatisant pour les enfants de quitter un cocon familial, qu’il s’agisse du foyer ou de la nounou, pour aller rejoindre des enfants inconnus avec qui ils vont passer toute leur journée. Pour ceux qui sont déjà à la crèche depuis l’âge de trois mois, je ne vois pas où se situe le traumatisme. Et pour les autres je répondrais que ce sera de toute façon formateur, que les enfants font toujours preuve d’une grande faculté d’adaptation et que ça ne peut de toute façon qu’être bénéfique. Et j’ajouterais qu’il faut arrêter de croire qu’ils sont en sucre et que vouloir les surprotéger n’est pas leur rendre service.
Il s’agirait également de réduire les inégalités pour les enfants qui n’étaient pas concernés jusque là… Si la scolarisation n’est pas obligatoire je ne vois pas en quoi ça va faire changer la situation des enfants qui n’allaient pas à l’école jusque là : les parents restent libres d’instruire leurs enfants à la maison.
Mes enfants sont entrés en maternelle dès qu’ils ont été propres après leur deuxième anniversaire (deux ans et demi pour la dernière mais c’est normal les filles c’est toujours plus en avance c’est bien connu !), et à ce jour je ne relève aucun traumatisme. Bien sûr il y a certainement eu quelques pleurs le premier jour, je ne me rappelle pas, peut-être même n’y étais-je pas mère indigne que je suis (il faut dire qu’à cette époque je faisais des remplacements dans l’Éducation Nationale et que donc la rentrée scolaire je la passais… au travail). Pire j’ai même mis mes enfants dans le car de ramassage scolaire dès la première année de maternelle, et à la cantine aussi, c’est dingue ! Quel autre choix aurais-je eu de toute façon : en zone très rurale comme la nôtre les crèches sont rares et éloignées, les places y sont limitées comme partout, et les écoles sont en manque d’effectifs et sans cesse menacées de fermeture, c’était aussi un acte citoyen que de mettre les enfants dès que possible à la maternelle. Mais ce n’était pas pour autant un choix par défaut, la qualité des petites écoles n’étant plus à démontrer, nous nous sommes suffisamment battus ces dernières semaines pour en être plus que convaincus : petits effectifs, enseignants à l’écoute et proches des élèves comme des familles, moyens importants alloués par les mairies qui savent que ces écoles sont leur richesse, tout concourt à créer un environnement parfait pour les enfants y compris les tout-petits. Sans parler du multi-niveau (chez nous tout-petits + petits + moyen + grands) qui permet de tirer les enfants vers le haut et les rend davantage autonomes, entre autres avantages.
« De mon temps » comme disent les anciens, il n’y avait pas encore de maternelle dans mon village, je suis donc allée à l’école directement au CP, je ne me rappelle pas mais ce doit sans doute être autrement traumatisant que d’avoir pu passer quelques années à entrer progressivement dans l’acquisition des savoirs essentiels que sont les mots, les chiffres et la vie en société.
Bref si Macron avait étudié un tant soit peu la question, ne serait-ce que simplement se pencher sur les statistiques qui montrent que 97,6% des enfants de trois ans sont déjà scolarisés, il serait un peu plus au courant de ce qui se passe dans le pays qu’il est sensé diriger. Mais on ne peut pas en demander trop à un homme politique.