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29 avril 2020 3 29 /04 /avril /2020 09:10

Je suis à nouveau tombée sur un article traitant de ce paradis sur terre que semble être la campagne en cette période de pandémie. Paradis car très faiblement touchée par le virus. Et pour cause : comme évoqué dans un autre article déroulant de simples évidences, la faible densité de population et une certaine vie en autarcie ne favorisent pas le déplacement des cochonneries.

Dans ce nouvel article il était question du département de la Lozère qui avec ses 15 à 2 habitants au km² par endroit fait figure de désert épouvantable en temps normal et de vrai paradis aujourd’hui. Une densité de population ridicule, des habitudes campagnardes qui rendent prévoyant et sédentaire (pas de déplacements inutiles, la moindre sortie est optimisée, des congélateurs et des potagers pour les réserves), tout cela fait que bien évidemment les gens restant déjà chez eux en temps ordinaire, le virus a du mal à se propager.

Que voilà encore des évidences énoncées qui font rêver. Et du coup voilà qu’émerge chez de nombreuses personnes le désir (réel ou rêvé) de changer de vie après le confinement. Et que croyez-vous qu’une bonne partie veuille faire ? Aller vivre à la campagne bien sûr !

Ah je les vois déjà débarquer dans le fin fond de la Lozère ou du Cantal, s’installer dans une bicoque retapée, s’émerveiller les premières semaines devant la beauté de la nature, des oiseaux qui chantent sous les fenêtres et des chevreuils qui traversent à l’orée du bois, du silence qui règne le soir… Ah je les vois déjà repartir ventre à terre après quelques mois à maudire les opérateurs téléphoniques parce que leur masure est dans une zone blanche qui les empêche de communiquer par Skype avec les amis restés dans la vraie vie avec toutes ses commodités, râler parce qu’il faut prendre la voiture pour faire les vingt kilomètres qui les séparent du premier commerce où on ne trouve bien sûr pas tout, pester contre le froid en hiver qui les retient cloîtrés, etc.

On les connaît déjà, on les voit régulièrement venir s’installer, souvent à la retraite. Ils arrivent la bouche en cœur et des paillettes pleins les yeux au printemps après avoir connu la région des étés durant, et puis ils commencent à faire la gueule lorsque l’automne est là et qu’après la dernière « Fête de la citrouille » le coin paraît bien mort sans théâtre, cinéma ou lieu culturel quelconque à proximité (pas moyen d’y aller en vélib). Alors ils repartent car ils ne sont pas fous ils ont gardé un pied-à-terre en ville qui leur permet d’aller hiberner près de la civilisation.

Alors ces témoignages ça me fait un peu sourire parce que je me dis que pas mal d’entre eux sont complètement dans l’illusion et que la chute risque d’être très dure. Mais je ne leur souhaite pas, on les chambre mais on est ravis que des gens s’installent et viennent « dynamiser » (c’est le mot à la mode) la vie rurale empêchant parfois des fermetures d’écoles (merci de nous envoyer des jeunes !).

Mais ça me fait un peu peur aussi à très court terme : est-ce que l’on va voir arriver dans nos campagnes encore préservées par l’épidémie des tas de citadins qui voient en la vie à la campagne une thérapie ? Est-ce qu’on va se retrouver tout d’un coup avec une seconde vague qui n’épargnera plus aucune territoire ? Je me rappelle que le premier décès qu’a connu le Lot est celui d’un sexagénaire venu de Paris juste après l’annonce du confinement… je dis ça, je dis rien…

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commentaires

P
oK bien dit...c'est un régal de te lire...ces "néoruraux" (je me suis fait reprendre un jour, en disant "les marginaux" ) nous sont bien utiles pour repeupler nos campagnes et entretenir un patrimoine, que parfois personne de la commune n'aurait acheté ou exploité...( on doit faire la différence aussi entre ceux qui achètent des résidences secondaires, et ceux qui viennent s'installer dans des endroits pas possibles et souvent loin de tout...) Le problème pour moi, est que ceux qui s'installent viennent avec des idées particulières qui sont le refus du système actuel, sous toutes ses formes, et pour faire court, des opinions que l'on trouve, marginales si ce n'est extrémistes...(voir la liste écolo de Latronquière Lot- et leur profession de foi !!!!) . Je pense que dans l'avenir il faudra compter avec eux...la vie rurale, leur apprendra vite que pour survivre il faut "gagner sa vie", faire du commerce, travailler dur sur un élevage, ou sur des terrains pas toujours adaptés à la production en petites surface...(la permaculture existe, je sais, et c'est prometteur me semble-t-il )<br /> Enfin, il faut qu'ils pensent aussi que le patrimoine historique est important autant que la jolie forêt et les petits oiseaux...tu vois ce que je veux dire... A bientôt de te lire ! biz et bonne journée !
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L
C'est juste, il faut toujours raison garder et bien se garder des extrêmes et des jusqu'auboutistes. Il me semble depuis un petit moment, et à la lumière de la crise que nous vivons c'est encore plus criant, que le système dans lequel nous vivons est à revoir, même si tout n'est pas à jeter. Oui il faut du commerce, de la vie économique et des productions pour subvenir à nos besoins. Mais sans doute ces besoins-là sont à revoir aussi. Privilégier les petites surfaces agricoles indépendantes de la grande distribution et des coopératives en privilégiant la vente directe et les circuits courts par exemple pour ce qui est de l’agriculture, voilà sans doute un modèle économique gagnant-gagnant, et il y aura toujours besoin de la grande distribution pour aller se procurer ce qui n'est pas produit sur place. Il y aura toujours aussi des utopistes (et pas besoin d'aller à Latronquière si tu vois ce que je veux dire) anti-voiture ou anti-tout mais qui sont en dehors de la réalité, celle-ci se charge généralement de les faire redescendre sur terre. Pour moi la campagne n'et pas un lieu de villégiature: si on s'y installe c'est pour y vivre pleinement et participer à la vie locale d'une façon ou d'une autre (en consommant, en participant à de associations voire même à un conseil municipal! Et pour ce qui est du patrimoine historique je ne vois aucune incompatibilité entre souci de la préservation de la biodiversité et préservation des vieilles pierres: la preuve nos martinets sont bien revenus!
F
Excellente analyse.Je suis citadin depuis toujours. J'adore le bucolique de la campagne. J'y passe mes vacances d'été. Mais, au grand jamais, il ne me viendrait à l'idée, d'aller y habiter. Faut se rendre de la réalité des choses... Florentin
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L
Sentirais-je le sarcasme et l'agacement? A force de chambrer les citadins c'est normal. Mais comme je le dis souvent je les aime bien quand même, d'autant plus que je les comprends: tout comme tu ne sembles pas supporter la vie à la campagne, de même moi qui suis rurale de nature et par essence je n'envisage pas de vivre en ville. Je le sais d'autant plus que durant ma vie étudiante j'ai vécu dans une grande ville et même si j'en ai apprécié certains aspects qui peuvent me manquer parfois je sais que ça n'est vraiment pas fait pour moi!
A
Les nouveaux néo-ruraux lancent aussi des élevages de chèvres dans l'espoir de vendre du fromage et ils finissent par jeter l'éponge et rejoindre des cieux plus cléments en laissant derrière eux leurs bêtes au mieux en liberté dans la nature et au pire crever sur place...
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L
Ah ça c'est moche, c'est vrai. Mais heureusement il y en a qui s'accrochent et qui restent, sachant accepter tous les aléas de la vie à la campagne.
S
Ce cliché du retraité pseudo-campagnard qui a gardé sa maison ou son appartement en région parisienne (ou à Bourges) est depuis longtemps une réalité ici. Tout comme l'est leur dynamisme qui permet une vie culturelle qui ne se limite pas aux soirées choucroute des comités des fêtes. Et certains, arrivés à l'âge où on ne supporte plus de devoir prendre la bagnole pour un oui ou un non, repartent vers la ville. Seule différence avec ton texte criant de vérité: ici, les hivers ne sont pas rigoureux; et tant mieux car je n'aime pas le froid!
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L
Ce que tu dis sur l'implication de ces intermittents de la ruralité est tout à fait juste. Ici par exemple j'ai souvent fait le constat que les associations de défense du patrimoine local notamment étaient menées par des "étrangers" alors que les autochtones ne semblent pas faire cas des richesses qui les entourent , sans doute parce qu'ils ne les voient plus...

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  • Ecrivain public, profondément rurale je revendique mon amour des bonheurs simples ainsi que mon droit à pousser des coups de gueule et des coups de coeur.
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