Un jour je me suis retrouvée dans un magasin pensé, conçu, fait par et pour des hommes et dédié tout entier à leur plus grand plaisir : la voiture. Hé bien aujourd'hui j'ai eu droit à une visite dans un autre lieu de culte masculin, un antre lui aussi consacré à l'automobile : j'ai nommé une casse-auto. Plongée en immersion dans un monde hostile fait d'empilements plus ou moins stables d'épaves compressées, écrasées, écrabouillées, de nids de poules où s'enfoncent en cahotant les roues des voitures valides sur des sentiers poussiéreux ou boueux, selon la météo, et au détour desquels on peut se retrouver nez-à-nez parfois avec un chargeur, un tracto-pelle, un élévateur trimballant nonchalamment une carcasse.
C'est sans doute fascinant, pour un homme, de voir autant de valeureux véhicules ayant rempli de si bons offices relégués dans ces cimetières de ferraille et n'attendant qu'une bonne âme pour venir lui prélever quelque organe. Dépassant des toits parfois rouillés ou cabossés de ces épaves on voit ça et là une tête : les clients, véritables fouines furètent partout à la recherche de LA pièce qui va enfin permettre de redonner vie à une voiture attendant patiemment au fond du garage ou du jardin. De la simple jante au fauteuil ou à la banquette entière, du moindre lève-vitre (oui, tout n'a pas toujours été électrique) au moteur complet, la casse-auto est au mari ce que le grand magasin est à son épouse. Que dis-je, c'est la Mecque du mécanicien du dimanche.
Évidemment je n'étais pas vraiment en mesure d'apprécier toute la beauté du lieu moi qui ai failli perdre plusieurs fois un talon dans des trous en emmenant le petit faire pipi derrière une vieille 205 sur cales. Toujours les mêmes qui s'y collent pendant que les autres s'amusent.
Quand je pense qu'il se moque de moi quand je ramène des « vieilleries » (je suis polie) d'un vide-grenier...
C'est beau hein ? Franchement c'est pas pire qu'un César, mais il faut avouer que c'est plus difficile à caser sur une cheminée...