Aujourd'hui j'ai découvert l'autre école dans laquelle je dois travailler une partie de ma semaine, je suis restée seule dans la classe presque toute la journée à accomplir les différentes tâches que m'avait confiées la maîtresse car elle répétait avec eux le spectacle de Noël qu'ils vont donner dimanche.
Tout en travaillant, je jetais un œil par la fenêtre, et ce que j'ai vu m'a replongé dans l'école de mon enfance: une classe unique avec pour tout voisinage des vaches paisibles broutant juste au-dessus de la salle de cours, le chant de leurs cloches et celui des oiseaux pour tout bruit extérieur, au mur des cartes géographiques, des travaux d'élèves et des rappels grammaticaux bien en évidence de part et d'autre du tableau noir, des tables et des chaises en bois toutes simples. Au fond de la salle, une antique table ovale de salle à manger avec deux petits bancs d'écoliers.
Bien sûr il y a de grandes portes de placards coulissantes au fond de la classe qui cachent un ordinateur, une télé, des DVD, du matériel de sport et des fournitures modernes. Mais malgré ces signes classiques d'un certaine modernité, j'aurais pu tout à fait me croire il y a de cela quelques décennies dans la salle de classe unique de mon enfance, avec ses prairies et ses vaches alentour, son tableau noir et ses pupitres en bois. Et ce n'est pas qu'une question de mobilier, car l'esprit de l'école de campagne est toujours là lui aussi: à midi tous les élèves sans exception mangent à la petite cantine, même ceux qui habitent le bourg , une dame du village fait la cuisine pour une vingtaine d'enfants qui sont comme les siens, ils jouent tous ensemble à la récréation sans être cloisonnés dans leur classe d'âge, CE2, CM1 et CM2 mélangés et en harmonie.
C'est vrai que ça a l'air idyllique, mais je crois que ça l'est et si cela est possible c'est parce qu'il y a encore des enseignants qui acceptent d'ajouter aux difficultés de leur métier celles des contraintes matérielles: c'est sans doute plus facile de faire cours avec un tableau numérique, un ordinateur pour chacun et tous les gadgets que chaque nouveau ministre essaye d'imposer (sans y mettre les moyens), mais ça n'est sans doute pas aussi agréable et gratifiant que dans ces petites classes de campagne si familières, si conviviales. Pour combien de temps encore?