J’attaque mon troisième livre en moins de deux semaines, un record depuis des mois, que dis-je des années.
Pour la fin de mon intérim au lycée, les collègues de l’amicale m’ont offert une plante et un bouquin. Pour la plante je ne sais pas mais pour le livre je gage que mes collègues de littérature n’ont pas participé au choix ! La quatrième de couverture de Mémé dans les orties, court roman d’Aurélie Valognes, paraissait alléchante avec cette histoire d’un vieux bougon désagréable, sorte de « Tatie Danielle » au masculin. J’ai lu en quelques heures seulement mais sans enthousiasme particulier. Il faut dire que tout ça ne cassait pas trois pattes à un canard, et qu’à chaque fois que j’interrompais ma lecture je me disais, sans doute prétentieusement, que j’aurais parfaitement pu écrire ce que je venais de lire : je ne connais pas d’expérience de lecture plus désagréable je crois.
Bref le livre, sympathique mais sans plus, ne restera pas bien longtemps dans ma mémoire qui au demeurant ne garde plus grand-chose de mes lectures… aïe.
Un petit tour sur Internet m’a appris que cette Aurélie Valognes s’était d’abord fait connaître sur le web où ce dernier roman a été un best-seller : j’aurais dû me méfier. J’éprouve toujours un mouvement de recul dès qu’on essaie de me convaincre de lire un de ces succès de librairie, idem pour les Goncourt et autres prix, l’esprit de contradiction sans doute ou une méfiance bien naturelle vers tout ce qui ne semble appeler aucune critique. Bref après le succès numérique l’édition classique s’est penché sur ce phénomène et l’a édité en version papier, histoire d’en remettre une couche en touchant un autre public.
Voilà qui en dit long sur le métier d’éditeur aujourd’hui. Si autrefois l’éditeur était celui qui était capable de dénicher des talents, des auteurs originaux qui pouvaient révéler des choses nouvelles tant du point de vue du fond que du style, aujourd’hui il s’agit de repiquer ce qu’offre la toile et qui est déjà un succès, histoire de ne prendre aucun risque et d’offrir aux lecteurs ce que tout le monde a aimé ou qui du moins semble avoir déjà fait ses preuves, autant dire que la prise de risque est limitée.
Pour ce qui est de Mémé dans les orties, en ce qui concerne la qualité littéraire on repassera, on reste sur sa fin, c’est assez convenu et sans surprise : pas de style, rien de particulier, c’est pas mal écrit mais c’est un peu comme le fast-food, aussitôt avalé, aussitôt oublié !
Sinon, juste après j’ai lu, en une après-midi, Adieu, de Danielle Sallenave, autrement plus intéressant bien que très bref. Découpé en autant de très courts chapitres que de rencontres, ce sont les quelques conversations entre un neveu photographe et son grand-oncle. Tout en délicatesse, pudeur et subtilité, l’auteur dévoile les rapports entre les deux hommes, l’un un brin nostalgique, l’autre très respectueux de son aîné. Il ne se passe rien d’autre que ces rencontres quasi quotidiennes, prétexte à des allées et venues entre un passé révolu et un présent auquel s’adaptent plus ou moins bien les personnages.
Évidemment il ne s’agit pas là je crois d’un best-seller (des années 80) mais j’ai trouvé ça fichtrement plus consistant. J’ai aussi terminé en quelques jours Le Lièvre de Vatanen, de Arto Passilinna, jubilatoire, et et je vais me replonger avec délice dans les classiques avec les Contes de Charles Nodier. Quel festival, ça fait du bien.