Est-il utile de regarder à quand remonte mon dernier billet sur ce blog ? Je ne préfère pas, ça ne ferait qu’empirer l’impression que je ressens depuis des mois de ne faire que courir après le temps qui passe et qui me manque. À ma décharge j’ai quelques excuses : un boulot pour lequel ne suffisent pas les 24 heures allouées par jour, une vie de famille chargée (et sur laquelle il est inutile de s’étaler), des sollicitations diverses… bref la routine. Enfin ce qui devient une routine.
Auto, boulot, dodo, voilà à quoi se résume ma vie depuis septembre. Septembre où j’ai eu la mauvais idée, que dis-je la grande faiblesse, d’accepter un énième remplacement dans l’enseignement, après m’être répété une énième fois en juin après deux mois d’un petit tour en collège (après huit ans d’absence) qu’on ne m’y reprendrait plus. Mais vous avez ce que c’est : il ne faut jamais dire « fontaine, etc. ». Et surtout il faut bien vivre lorsqu’une tuile vous arrive qui ne vous laisse plus vraiment de choix. Une tuile qui touchant à la santé vous rappelle finalement où sont les vraies priorités de la vie.
Une liste aurait été bien utile sans doute pour ne rien oublier mais y a-t-il vraiment quoi que ce soit de mémorable survenu ces cerniers mois (excepté une maladie grave pour mon conjoint qui semble être désormais derrière nous. La maladie hein, le conjoint est toujours là !)
Je me contenterai de dire un mot sur ce remplacement que j’effectue depuis presque la rentrée. Deux ou trois semaines après la rentrée scolaire j’ai reçu un coup de téléphone du proviseur d’un lycée désespérément en recherche d’un prof de français. Il avait eu mes coordonnées par le rectorat. J’imagine que j’étais la dernière personne sur leur liste de contractuels à contacter et que je devais ce traitement de faveur à mon petit remplacement de la fin d’année scolaire précédente : comme pour le démarchage téléphonique, j’aurais dû prendre soin d’effacer cette trace de mon dernier passage dans cette belle et noble institution. Bref ils étaient désespérés s’ils en étaient rendus à faire appel à moi : il n’y avait plus personne, et après c’était les annonces sur Pôle-Emploi, c’est dire. J’ai appris dans le bureau du proviseur que l’enseignante qui avait demandé sa mutation ne la souhaitait finalement plus, suite à des problèmes personnels que je n’ai pas très bien compris (ni lui non plus je crois) mais comme il était trop tard pour faire marche arrière, elle commençait par accumuler les arrêts maladie, elle en était à son deuxième quand j’ai pris le poste. Depuis je suis renouvelée tous les mois à peu près, au fur et à mesure de ses arrêts de travail. Je ne m’étendrai pas sur la facilité qu’il y a apparemment à trouver un médecin bien indulgent, ni à la bienveillance de l’EN à l’égard de son personnel qui, s’il s’agissait d’une entreprise privée, aurait déjà eu au moins droit à un contrôle de la Sécu. Je me rappelle d’une fois où mon mari qui s’était fait opérer d’une épaule a été convoqué quelques jours après son retour de l’hôpital pour qu’un zélé médecin vérifie bien qu’en effet avec son bras en écharpe il ne pouvait conduire son camion : on a entendu des réflexions dans ce bureau dont on ne savait pas trop s’il fallait en rire ou en pleurer. Heureusement rien de tel dans la fonction publique… Bref j’enchaîne les contrats mais j’ai négocié d’être payée pendant les vacances, les dates de fin et de reprise coïncidant avec ces dernières : il faut dire que j’ai 105 copies dans mon cartable pour m’occuper pendant les fêtes, et je n’ai pas l’intention de les corriger à l’œil. Voilà donc comment je me suis retrouvée à enseigner en lycée, ce que je n’avais jamais fait, et cerise sur le gâteau devant une classe de Première que je suis censée amener jusqu’à l’Épreuve Anticipée de Français, un détail ! Accessoirement j’ai trois classes de Seconde à 35 élèves. Il m’arrive encore de me demander pourquoi j’ai été assez inconsciente pour accepter, mais nécessité faisant loi…
Et voilà donc les raisons de mon silence sur ce blog. Vous allez me dire que quand on est prof on a bien des vacances pour se livrer à ses loisirs. Hélas depuis septembre je passe mes vacances en corrections et/ou préparations, idem pour les week-ends et les soirées. Comble de l’ironie je n’ai même plus le temps de lire, c’est dire si c’est grave. À cela s’ajoutent les devoirs de mes propres enfants (trois niveaux différents forcément dont un collégien), mes devoirs d’élue à la mairie, et même quelques manuscrits à corriger de temps en temps… Heureusement mon mari va pouvoir profiter de sa convalescence, qui va être longue, pour se perfectionner en aspirateur et plumeau, ce sera toujours ça en moins pour moi. Je rêve parfois de ne faire que 35 heures à l’usine, je serais moins fatiguée et j’aurais plus de temps libre, je le sais je l’ai déjà fait j’étais moins crevée surtout nerveusement : certes j’étais aussi nettement plus jeune, il est vrai, et je n’avais pas d’enfants non plus !
Ceci expliquant cela, vous comprendrez mon silence radio de ces derniers temps. Vous comprendrez aussi qu’après m’être fendue d’un si long MEA CULPA je mette encore un peu de temps à repasser par ici ! Mais c’est promis je vais faire un effort !