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3 avril 2018 2 03 /04 /avril /2018 14:59

Selon ma définition toute personnelle une « macronade » est une annonce vide de sens, un effet d’annonce qui trahit généralement une méconnaissance crasse du sujet abordé. Attention on peu confondre avec « connerie ».

Cela correspondrait assez à la décision de notre chef en marche de rendre obligatoire l’instruction (pas la scolarisation si j’ai bien compris) des enfants dès trois ans au lieu de six comme maintenant. Je dois dire que lorsque j’ai entendu ça je me sui interrogée : mince alors les maîtresses du coin sont des précurseurs (oui je sais il n’y a pas de féminin, ça en dit long sur la vision qu’on a des femmes dans la notion de progrès), moi-même j’ai devancé ce grand homme qu’est Macron puisque j’ai envoyé tous mes enfants en maternelle parfois même avant trois ans ! Incroyable !

Comme si on avait attendu après lui pour croire dans les bienfaits de la socialisation par l’école dès le plus jeune âge, des vertus de l’enseignement « précoce » et des qualités de cet enseignement dispensé dans les maternelles, bien loin de se résumer à du coloriage et des jeux. On va me dire que cela peut être traumatisant pour les enfants de quitter un cocon familial, qu’il s’agisse du foyer ou de la nounou, pour aller rejoindre des enfants inconnus avec qui ils vont passer toute leur journée. Pour ceux qui sont déjà à la crèche depuis l’âge de trois mois, je ne vois pas où se situe le traumatisme. Et pour les autres je répondrais que ce sera de toute façon formateur, que les enfants font toujours preuve d’une grande faculté d’adaptation et que ça ne peut de toute façon qu’être bénéfique.  Et j’ajouterais qu’il faut arrêter de croire qu’ils sont en sucre et que vouloir les surprotéger n’est pas leur rendre service.

Il s’agirait également de réduire les inégalités pour les enfants qui n’étaient pas concernés jusque là… Si la scolarisation n’est pas obligatoire je ne vois pas en quoi ça va faire changer la situation des enfants qui n’allaient pas à l’école jusque là : les parents restent libres d’instruire leurs enfants à la maison.

Mes enfants sont entrés en maternelle dès qu’ils ont été propres après leur deuxième anniversaire (deux ans et demi pour la dernière mais c’est normal les filles c’est toujours plus en avance c’est bien connu !), et à ce jour je ne relève aucun traumatisme. Bien sûr il y a certainement eu quelques pleurs le premier jour, je ne me rappelle pas, peut-être même n’y étais-je pas mère indigne que je suis (il faut dire qu’à cette époque je faisais des remplacements dans l’Éducation Nationale et que donc la rentrée scolaire je la passais… au travail). Pire j’ai même mis mes enfants dans le car de ramassage scolaire dès la première année de maternelle, et à la cantine aussi, c’est dingue ! Quel autre choix aurais-je eu de toute façon : en zone très rurale comme la nôtre les crèches sont rares et éloignées, les places y sont limitées comme partout, et les écoles sont en manque d’effectifs et sans cesse menacées de fermeture, c’était aussi un acte citoyen que de mettre les enfants dès que possible à la maternelle. Mais ce n’était pas pour autant un choix par défaut, la qualité des petites écoles n’étant plus à démontrer, nous nous sommes suffisamment battus ces dernières semaines pour en être plus que convaincus : petits effectifs, enseignants à l’écoute et proches des élèves comme des familles, moyens importants alloués par les mairies qui savent que ces écoles sont leur richesse, tout concourt à créer un environnement parfait pour les enfants y compris les tout-petits. Sans parler du multi-niveau (chez nous tout-petits + petits + moyen + grands) qui permet de tirer les enfants vers le haut et les rend davantage autonomes, entre autres avantages.

« De mon temps » comme disent les anciens, il n’y avait pas encore de maternelle dans mon village, je suis donc allée à l’école directement au CP, je ne me rappelle pas mais ce doit sans doute être autrement traumatisant que d’avoir pu passer quelques années à entrer progressivement dans l’acquisition des savoirs essentiels que sont les mots, les chiffres et la vie en société.

Bref si Macron avait étudié un tant soit peu la question, ne serait-ce que simplement se pencher sur les statistiques qui montrent que 97,6% des enfants de trois ans sont déjà scolarisés, il serait un peu plus au courant de ce qui se passe dans le pays qu’il est sensé diriger. Mais on ne peut pas en demander trop à un homme politique.

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commentaires

F
Je soupçonne Macron de n'avoir jamais été élève d'une école maternelle : regrets rentrés ?
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F
Une pareille décision ne s'imposait pas. Chaque enfant est un cas différent. Certains (c'est la majorité sans doute) va se trouver bien d'une scolarisation à trois ans, d'autres non. Faut parfois voir. Que faire alors, s'il n'y a pas moyen de discuter ? Vaut toujours mieux laisser les portes ouvertes plutôt que de les fermer sans appel. Ceci étant, il y a certainement des parents paresseux qui auraient bien besoin qu'on leur botte les fesses pour faire l'effort de conduire leurs rejetons à l'école.
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L
C'est vrai, dans le domaine de la petite enfance peut-être plus que tout autre il est nécessaire de laisser aller chacun à son rythme.
A
Tu me parlerais de "macaronnade" pour un dessert ou même de "macaronade" pour du salé sétois, cela m'inspirerait plus !
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L
Normal qu'il mette sur la place publique jusqu'à ce type de "réforme" : il ne connaît pas la paternité. Un manque cruel, n'est-ce-pas ? Les crèches, il y en avait, mais pas assez de places, il fallait qu'ils soient "propres", il a fallu les faire garder par une nounou. Mais dès trois ans, ils ont intégré la maternelle. Socialisation garantie du fait de la mixité sociale. Apparemment le jeunot croit que les parents couvent trop leurs enfants et ne savent pas les éduquer. Son manque d'expérience lui fait penser que l'intégration scolaire dès 3 ans doit être rendue obligatoire... Il y a de quoi rester songeur, n'est-ce-pas ? Hors quelques exceptions, la majorité des couples travaillent, d'où la nécessité pour eux de trouver au plus vite une place en crèche (quand il y en a suffisamment) ou, à défaut, de les scolariser. Il oublie trop facilement que cette socialisation précoce ne permet pas d'éviter les différences socio-culturelles et qu'un enfant né dans une famille intégrée par la naissance trouvera plus aisément sa place en milieu scolaire que celui d'une minorité. Entre nous, l'éducation se fait d'abord à la maison et l'école assure un suivi indispensable, mais l'éducation reçue dès la petite enfance est primordiale. Encore faut-il, pour le savoir, être parents.
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S
Dans le brouillard, on marche à vue...
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