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12 avril 2020 7 12 /04 /avril /2020 14:57

Ainsi donc voilà près d’un mois que nous sommes en confinement. Assignés à résidence nous n’avons plus le droit de sortir que pour aller faire des achats de première nécessité (à géométrie variable cependant puisqu’il s’agit aussi bien d’aller acheter du pain pour nourrir sa famille que de la peinture pour refaire son couloir…), ou pour aller travailler là encore s’il s’agit de nécessité, bien que celle-ci soit également assez subjective : l’usine Andros près de chez moi n’a jamais cessé de tourner, il est vrai que la confiture et les bonbons sont des produits de première nécessité. À moins que mettre des centaines de personnes au chômage partiel soit considéré comme plus dommageable que la propagation du virus au sein des familles d’ouvriers (les cadres sont en télétravail, ceux-là même qui par leurs voyages d’affaire en Asie ont été les premiers à manifester des symptômes de la maladie) mais c’est un autre débat.

 

Je ne vais pas vous faire un article sur « ma vie en confinement », d’autres l’ont déjà fait et c’est sans doute bien plus intéressant que tout ce que je pourrais raconter. Car chez nous point trop de révolution dans nos vies.

Car voyez-vous nous avons la chance d’être à la campagne, et c’est une chance à plusieurs égards. Tout d’abord nous avons de la place, une maison avec un grand extérieur sans aucun voisin proche, nous pouvons aller dans les bois sans sortir de notre propriété, nous pouvons passer des journées entières confinés dehors et nous ne sommes pas les uns sur les autres : je mesure pleinement ma chance lorsque je m’imagine avec nos trois ados dans un appartement sans balcon, nous avons ainsi évité suicides ou/et infanticides !

Ensuite, et c’est ce qui rend notre confinement plus facile sans doute, nous avons toujours réfléchi et optimisé nos sorties : lorsque l’on habite à 20 km du premier commerce (je ne compte pas l’épicerie du village qui s’avère indispensable mais où l’on se servait déjà régulièrement, histoire de faire marcher le commerce local) on essaie de ne rien oublier sur sa liste de course quand on descend « dans la plaine ». Alors sortir une fois par semaine seulement (voire tous les 10 jours) pour aller faire ses courses, franchement on sait faire, ça n’a pas changé nos habitudes (en fait je déteste faire les courses, moins j’y vais mieux je me porte). On a l’habitude de prendre du pain pour plusieurs jours et nous ne sommes pas en manque de la baguette fraîche tous les matins comme certains pauvres citadins de notre connaissance. Notre congélateur est plein et nous avons quelques conserves, on pourrait encore espacer les sorties.

Nous avons donc de la chance car nous autres pauvres bouseux nous savons depuis longtemps vivre loin de tout ou presque. Et c’est là que l’on pourrait dire que les péquenots ont pris une certaine revanche, même si c’est à leur corps défendant et sans aucune mauvaise intention, le terme de revanche étant inapproprié mais je n’en ai pas d’autre à l’esprit. On a pu le mesurer dans les tout premiers temps du confinement, juste avant l’annonce officielle lorsque tout d’un coup les citadins aisés et heureux propriétaires de résidences secondaires sont partis ventre à terre dans leurs SUV rutilants pleins de valises : Macron avait dit que c’était la guerre, du coup c’était l’exode. Enfin pas pour tout le monde bien sûr, les prolos sont restés bien confinés dans leur HLM évidemment, faut pas exagérer.

C’est dingue comme en quelques jours la perception de la campagne profonde a pu changer : tous ces bleds paumés où on est loin de tout, où il n’y a pas de vie culturelle suffisamment intéressante en-dehors de la préfecture (et encore !), où on n’a même pas la 4G (encore heureux quand on n’est pas carrément en zone blanche), avec des connexions internet capricieuses, où ça pue la vache et où on est dérangé par le chant du coq… bref c’est marrant de voir comment tous ces coins absolument invivables plus de deux semaines en été et bons pour les bouseux sont devenus des havres de paix, de sérénité voire de sécurité pour ceux-là mêmes qui les méprisaient auparavant. Ce sont les mêmes qui une fois installés dans leur villa de bord de mer ou à la campagne risquent la contamination (la leur et celle des autres) en allant faire leur jogging ou acheter leur baguette quotidienne parce qu’ils ne peuvent pas vivre dans la cambrousse sans importer leurs habitudes de citadins.

Eh oui car tout d’un coup on a l’air de découvrir que l’isolement, la faible densité de population, la consommation locale et raisonnée, la circulation moins intensive des biens et des personnes, tout cela aurait des vertus contre la propagation des virus ! Quel scoop ! C’est d’ailleurs sans doute à un enfonceur de portes ouvertes que l’on doit cet article du Huffington Post qui nous explique pourquoi certaines zones sont épargnées (jusqu’à quand?) par le virus.

 

Ce ne serait pas si tragique, pathétique, franchement ça me ferait presque rire.

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commentaires

L
Bonjour Ségaline, je lis avec beaucoup de retard ton article.Je tire mon chapeau aux "campagnards" qui savent s'organiser et ne créent pas, grâce à leurs habitudes, une courbe ascendante de ce fichu virus. J'avoue, je vis en ville, une grande ville, certes moins touchée que celles du grand est, mais bien populeuse. Je sors à peine (j'ai un balcon) sauf pour aller chercher le pain (j'en ai congelé au cas où) et d'indispensables légumes et fruits frais. <br /> Le coup des cloches me fait sourire : en effet, c'est dérangeant (quand on n'en a pas l'habitude), surtout quand ça sonne toutes les heures. Je l'ai vécu quand nous avions loué une maison à 25 km d’Épinal : il m'a fallu 3 à 4 jours pour retrouver le sommeil du juste. Le plus drôle, c'est qu'au retour, je me réveillais parce qu'il n' avait aucun bruit. Comme quoi, corps et cerveau s'adaptent aux circonstances environnementales... <br /> Pour avoir lu les commentaires, j'abonde dans le sens de Sirius, mais j'aurais plutôt songé au mot Foyer qu'à celui de Noyau. Autrefois, on avait les mots justes mais depuis l'ère informatique de plus en plus répandue de partout, nos mots natifs disparaissent au profit de mots anglais (je n'aime pas du tout cette langue). Même si ces mots enrichissent mon vocabulaire anglais (cela peut être utile même si je ne compte pas me rendre en Angleterre après qu'on aura recouvré notre liberté de circulation). <br /> Et dire que nous en avons pour je ne sais combien de temps à vivre cloîtrés, isolés, dépendants malgré nous du bon vouloir du coronamachinchose... Certes, on en prend l'habitude, mais zut, alors que nous ne sommes pas coupables (on n'est pas allé en Chine), nous sommes condamnés à la claustration. Et pendant qu'on nous enferme malgré nous, d'autres sortent, visitent, palabrent et se moquent de nous par leur insouciance ou leurs privilèges. Ils peuvent toujours causer : la monnaie de la pièce n'est peut-être pas pour demain, mais le jour où il faudra glisser un bulletin dans l'urne, nous saurons nous souvenir que les décisions prises n'ont pas été à la hauteur de l'enjeu, qu'il y a eu du retard à l'allumage et que certains semblent bien se moquer qu'il manque des tests, des vêtements de protection et de masques. Et dire qu'on devra en porter jusqu'à Dieu seul sait quand... A acheter dès demain (en principe) en pharmacie, non conventionnels et à usage pas trop répété. A 6 euros pièce chacun. A deux par personne, ça fait bien peu (les familles nombreuses vont être à la peine) pour une durée de quelques lavages-repassages... Alors, je me dis qu'il vaut mieux se les fabriquer si on dispose du matériel nécessaire à leur confection. Si j'ai bien compris certains propos, les villes en auraient commandé en nombre... En tout cas, chez moi, pas entendu parler desdites commandes... Pourtant, notre mairie est active... Mais vu qu'elle est fermée...<br /> Pas plus tard qu'il y a deux jours, deux échoppes étaient ouvertes alors qu'il était plus d'une heure du matin (ou de la nuit ?) : un resto et une épicerie et ça discutaillait fort sur le trottoir. Malgré les deux fenêtres à double vitrage, ces couillons m'ont fait émerger de mon sommeil. Ah les aléas de la ville... <br /> Dans l'ensemble, parce que je suis de tempérament casanier, ça se passe bien, sauf si je compte les jours (ben oui, le temps semble furieusement traîner...). J'ai donc décidé non seulement de ne plus écouter tout ce qui se dit sur les ondes à propos dudit coronamachinchose, mais aussi de ne plus faire une fixette sur le calendrier. Je n'ai pas envie de déprimer. Alors je bouquine (vieille habitude), d'écrire, et même de me relancer dans la création poétique (pas sur le virus, je tiens à le préciser). Je ne regrette qu'une seule activité dans cette affaire : je ne peux plus marcher comme je le faisais jusqu'à ce que ce bidule débarque chez nous. <br /> A part tout cela, ça baigne.<br /> Amicalement
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L
Sache que si je les étrille parfois et que je me moque souvent, je plains les citadins qui sont confinés en ville, et je le dis en tout sincérité. Ayant quelque aptitude à me mettre à la place des autres, je m'imagine ce que ça peut être de devoir rester cloitré sans possibilité de sortie autre que strictement nécessaire (pour les bons citoyens qui respectent évidemment le confinement), et j'imagine que même si l'on sait s'occuper le temps doit paraître long une fois la pile de livres en retard proche de la fin! Je mesure d'autant plus la situation que comme je l'ai dit ailleurs je crois, j'ai la chance d'être confinée à la campagne au grand air et avec de la place. En plus je suis assez casanière ce qui fait que la situation me convient assez (si ce ne sont les repas entre copains qui manquent!) Pour le reste, concernant nos chers élus, je me dis comme toi que les responsables risquent de payer le prix fort dans les urnes. Et en même temps, combien de fois est-ce que l'on s'est fait cette réflexion avant de voir les électeurs replonger tête baissée et yeux bandés vers les mêmes guignols? C'est à désespérer de l'humanité et de ceux qui la dominent, et ce que je crains le plus au sortir du confinement c'est que le vieux monde tapis sous la cendre encore chaude ne renaisse de plus belle: adieux belles promesses écologiques il faudra remettre le pays au boulot à marche forcée pour sacrifier au sacrosaint PIB! On va avoir des lendemains qui déchantent j'en ai bien peur... Bon courage a toi!
P
très intéressant ton article ... tu pourrais le faire paraître sur La Dépèche" ? car il n'y a plus grand chose à lire dans le Lot, si ce ne sont que des recommandations faites par Mr ou Mme le Maire...( A lire -La Dépèche" d' hier dimanche- l'interview intéressant d'une écrivaine commune de MAUROUX...) A+ Biz
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A
Dans les nuisances tu as oublié les cloches que les citadins ne supportent pas non plus, l'Angélus à 7h le matin c'est bien trop tôt !<br /> Et par contre, outre le virus, ils ont aussi des animaux de compagnie qu'ils laissent crotter devant les portes d'entrée des péquenots... peut-être qu'ils croient que nous en sommes encore à un habitat troglodytique et que ce qui ressemble vaguement à des habitations dans nos villages n'est qu'un vulgaire décor de cinéma en carton-pâte ???<br /> Le confinement est bien à 2 vitesses, ceux qui ont une résidence secondaire et une très bonne raison pour s'y déplacer... et ceux qui n'en ont pas et seront verbalisés s'ils ont des velléités de sortie !
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L
Ah la cohabitation n'est pas toujours facile c'est vrai. Et pour ce qui est des animaux c'est ce que je dis toujours à mes enfants: sachez que les animaux ont plus peur de nous que nous d'eux. Et voilà qui prouvent encore une fois leur supériorité sur nous: ils savent bien que les vrais nuisibles c'est nous!
A
Dernière nuisance... les insectes, j'en ai quelques uns qui viennent butiner dans mon jardin (comment j'aurais des fraises, tomates haricots et courgettes autrement ?) dont des frelons asiatiques de passage pour prélever l'écorce de mon seringa pour leurs constructions, quand ils bossent, ils sont inoffensifs tout comme guêpes, bourdons et abeilles diverses qui utilisent depuis des années les eaux de ruissellement dans la rue pour s'y abreuver et n'ont jamais piqué personne tant qu'on les ignore pour qu'ils vaquent à leurs occupations vitales. L'ex-citadin fraîchement arrivé a installé 2 pièges dont un sur la voie publique parce qu'ils volent au-dessus de sa terrasse quand Mr fait son barbecue ou ses frites sous la fenêtre de ma chambre...
L
C'est vrai j'avais oublié les cloches, peut-être parce que je n'entends plus celles qui sont en face de chez moi! Et que je trouve bien pratiques pour savoir quelle heure il est lorsque j'ai passé l'après-midi confinée dehors avec un bon livre mais sans montre! Quant aux crottes de chiens peut-être pensent-ils nous gratifier d'une noble fumure à mettre dans nos jardins...
S
Je découvre dans cet article du Huff' un nouveau mot de cette pseudo-langue qui nous envahit jusque dans nos campagnes; pourquoi écrire "cluster de population", alors que le mot "noyau" aurait parfaitement fait l'affaire? Le virus se propagerait donc moins vite dans nos campagne à la densité démographique raisonnable? Il me semble que c'est une évidence! Moins les gens sont près les uns des autres, moins la contagion est active! je vois, mais je le devinais déjà, que nos environnements se ressemblent, et tant mieux pour nous deux! Ma copine est coincée chez elle en Allemagne, et il me tarde de la revoir autrement que sur Skype... Vivement le déconfinement!
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L
Mon pauvre, le déconfinement ce n'est pas pour tout de suite... Mais les retrouvailles avec ta dulcinée n'en seront que plus intenses! Bon courage à tous les deux.

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  • Ecrivain public, profondément rurale je revendique mon amour des bonheurs simples ainsi que mon droit à pousser des coups de gueule et des coups de coeur.
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