Ma cabane au Canada
Est blottie au fond des bois
On y voit des écureuils
Sur le seuil
Si la porte n’a pas de clé
C’est qu’il n’y a rien à voler
Sous le toit de ma cabane au Canada
Tels sont les premiers mots de la célèbre chanson de Line Renaud, qui pourraient tout aussi bien raconter une autre cabane, en Ségala celle-là. Car point de cabane au Canada pour moi mais une petite cabane en Ségala comme il en existe beaucoup dans la région et dans de nombreuses campagnes ici et ailleurs. Un peu à l’image des gariottes du Causse qui servaient à abriter les bergers, ces cabanes étaient toutefois bien plus élaborées. Véritables maisons miniatures, nos cabanes construites dans une petite pente possédaient une partie basse semi-enterrée servant d’étable pouvant contenir quelques vaches avec tout le confort nécessaire c’est-à-dire de la litière et un râtelier pour le foin : le gîte et le couvert que demander de plus ? Au-dessus était la partie « habitation » : une pièce unique avec souvent des renfoncements avec des étagères servant de rangement, parfois véritables placards avec portes pour les plus « luxueuses » de ces cabanes. Parfois aussi une petite cheminée pour se réchauffer mais pas toujours, et parfois encore, comme dans celle de mon enfance il y avait un étage supplémentaire fait d’un plancher grossier auquel on accédait par une échelle de meunier rudimentaire : là c’était carrément un palace ! La cabane de la photo possède une citerne qui recueillait l’eau de pluie qui était utilisée pour abreuver les vaches.
Avant d’être complètement à l’abandon elles ne servaient déjà plus d’abri si ce n’est pour quelques outils remisés là en attendant d’être ressortis à la bonne saison lorsqu’elles étaient près de champs cultivés. Les cabanes situées dans les prairies éloignées de la ferme et où paissaient les génisses qui ne rentraient pas tous les soirs servaient encore d’abri pour ces vaches que l’on visitait de temps en temps pour s’assurer que tout allait bien et qu’elles ne manquaient de rien.
Qu’est-ce que j’ai pu jouer et rêver durant mon enfance dans ces cabanes qui n’étaient déjà plus utilisées (car je ne suis pas si vieille que ça n’en déplaise à mon fils qui toujours prêt à me titiller m’a demandé l’autre jour en rigolant comme un bossu si je me rappelais à quoi ressemblait le soleil lorsque celui-ci venait de naître)… Des heures passées, pendant que mes parents étaient aux champs à côté, à explorer les moindres recoins de cette cabane à la recherche de petits trésors oubliés au cours des années : de petites pièces de monnaie antédiluviennes, des petits outils aux usages presque oubliés, de la vaisselle qui servait alors de dinette, toutes traces du passage de ceux bien avant moi et dont je me plaisais à imaginer l’histoire, les histoires…