Tout au long de mon enquête pour le recensement j'ai pu aller dans des endroits de la commune que je ne connaissais pas, et j'ai pu m'attarder dans d'autres où je ne faisais d'ordinaire que passer, notamment pour répertorier toute les résidences secondaires et les maisons inoccupées depuis longtemps. Sur bon nombre d'entre elles, pour ne pas dire toutes, le linteau au-dessus de la porte mentionne l'année de construction. C'est donc sans surprise que j'ai pris conscience de la richesse de ce patrimoine ordinaire qu'est celui de notre village et de tant d'autres également. Tant de maisons datent du XVIIIe siècle, du XIX, et un habitant m'a même confié que la sienne datait du XVII. Quoiqu'il en soit chaque linteau ne fait pas qu'apporter une indication quant à l'âge d'une demeure, il atteste aussi de la volonté de l'artisan qui l'a construite de ses mains de laisser sa trace à la postérité, et quelle postérité! Combien de maisons bâties aujourd'hui seront encore debout dans trois siècles...?
Dans tous ces linteaux, même les plus simples il m'a semblé pouvoir lire la fierté du maçon, celle du tailleur de pierre, doublée parfois d'une certaine délicatesse dans l'exécution, d'une recherche. On peut y lire souvent le nom du bâtisseur ou du propriétaire, parfois un dessin qui est comme une marque de fabrique, tout cela respire l'amour du travail bien fait. Même si nombre de ces pierres sont des pièces rapportées et ne sont pas forcément en adéquation avec l'âge des maisons qui les supportent elles restent malgré tout le témoignage de tous ces hommes qui ont œuvré à la construction de notre patrimoine architectural. Elles sont aussi un fantastique point de départ pour l'imagination parfois, car lorsque l'on voit un linteau magnifique et visiblement signe d'une certaine richesse sur une maison toute simple on ne peut s'empêcher de se demander d'où il vient, quelle est son histoire, quels sont les aléas qui ont amené cette pierre à voyager ainsi de demeure en demeure, passant, qui sait, du manoir d'une grande famille détruit sous la Révolution à une maisonnette plus rustique voire parfois une simple grange. Et cette histoire n'est peut-être pas finie car on sait aujourd'hui l'essor qu'à pris le commerce des matériaux de construction d'occasion, porte ouverte à tous les pillages.
Bref vous trouverez ici un aperçu loin d'être exhaustif de quelques unes de ces pierres rencontrées ça et là au cours de mes pérégrinations d'agent recenseur. On me reprochera sans doute de ne pas avoir pris en photo l'ensemble porte-linteau mais hélas les portes ne présentaient pas toujours le même intérêt que le linteau, quand il s'agissait de porte d'ailleurs et non d'une simple fenêtre parfois même rebouchée. Bonne visite.
1087? Je ne peux m'empêcher de penser que le temps en a avalé un morceau et qu'il s'agit seulement de 1687...
Une petite originalité pour finir: une date qui n'est pas sur un linteau mlais au bas d'un escalier, la pierre n'était pas assez grande pour contenir la date, qu'à cela ne tienne, on a fait déborder le 4 de 1784 sur l'autre face... on ne va pas se laisser agaçer par des détails.