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4 novembre 2012 7 04 /11 /novembre /2012 20:41

 Il n’y a pas que les maisons anciennes qui aient une histoire. La nôtre n’a qu’une vingtaine d’années et pourtant elle a elle aussi son petit lot d’anecdotes et de souvenirs. Nous ne sommes pas à l’origine de sa construction, bien qu’elle ait l’air neuve, en fait nous l’avons découverte par le plus grand des hasards, et peut-être devrais-je dire par le plus grand des bonheurs. Nous avions l’habitude de venir acheter du pain à Teyssieu le dimanche, alors que nous habitions à quelques kilomètres de là, et je crois bien que c’est lors de la dernière année d’activité du boulanger que j’ai vu une affiche sur la porte de sa cave. Une vieille affiche toute délavée et visiblement là depuis pas mal de temps, pourtant je ne l’avais jamais remarquée. Il y était question de la vente aux enchères d’une maison située à Teyssieu, et comme nous avions le projet d’acheter ou de construire notre maison, j’ai pris les coordonnées du notaire chargé de la vente... qui avait déjà eu lieu depuis plusieurs mois, mais ça ne coûtait rien de se renseigner. Bien m’en a pris car la maison n’avait pas trouvé acquéreur et elle était toujours en vente. Ensuite les choses sont allées assez vite, et nous avons pu venir faire une première visite. Je dois dire que nous étions assez anxieux car il nous a fallu un moment pour réaliser où se trouvait la maison, devant laquelle nous étions pourtant passé un bon nombre de fois sans la distinguer, noyée qu’elle était dans la végétation. En effet la maison était à l’abandon depuis plusieurs années et la nature avait repris ses droits. Nous avions donc peu d’espoir et nous nous sommes dit que ce serait un coup pour rien. Le jour de la visite avec le propriétaire, descendu de Tours, nous n’avons même pas pu nous garer près de la maison, il a fallu rester au bord de la petite route : genêts, fougères, jeunes châtaigniers et bouleaux formaient une forêt récente qui empêchait d’accéder à la propriété autrement qu’à pied et en bottes ! Nous comprîmes du coup parfaitement pourquoi on n’avait jamais remarqué la maison depuis le village.

photo maison 1

photo maison 2

L’histoire de cette maison que le propriétaire nous avait racontée au téléphone brièvement est assez banale et doit ressembler à beaucoup d’autres : tombé amoureux de ce petit village alors qu’il y était de passage, il avait décidé d’y faire construire sa résidence secondaire. Mais comme il venait d’une région sans relief il tenait à faire une maison de plein pied. Première grave erreur : étant donné la déclivité du terrain, c’était un non sens, une hérésie. Le maçon ayant entrepris le gros œuvre fit relever le vide sanitaire au-delà de ce qui était prévu sur les plans mais en totale cohérence avec la nature du terrain. Erreur du maçon qui aurait dû se conformer aux plans, le voilà attaqué en justice par le propriétaire qui ne veut pas payer pour un escalier non prévu mais devenu nécessaire. C’était le début d’une série judiciaire qui allait mener à la vente de la maison. Bon an mal an la maison fut tout de même finie pour ce qui était du gros œuvre : maçonnerie, toiture ainsi que la plomberie, l’électricité et les plâtres. Aux procédures contre le maçon s’ajoutèrent un divorce, des soucis de santé puis d’argent qui firent que le chauffage ne fut pas installé et que tout s’arrêta net. Le propriétaire revint de temps en temps pour y bricoler, caressant sans doute l’espoir de pouvoir y passer quelques épisodes estivaux. Lorsque nous l’avons rencontré il n’y était pas revenu depuis plus de deux ans. Nous nous attendions à trouver une masure, des plâtres par terre et autres délabrements. Pas du tout, nous fûmes surpris (je crois que le propriétaire aussi) du bon état général : les plâtres étaient parfaitement sains et secs, un miracle qui tient sans aucun doute à la bonne idée qu’avait eu le maçon de monter quelques rangs de parpaings de plus, la toiture n’avait pas bougé, pas de trace de dégâts quelconque excepté des crottes d’un loir qui avait visiblement élu domicile dans ces lieux et avait détruit une partie de la laine de verre (même pas finie de poser) qui dégringolait de la mezzanine.

Pour nous qui n’étions pas exigeants, la maison était presque habitable de suite : les carrelages étaient posés, la chambre du bas presque prête avec un superbe parquet massif en chêne, il y avait l’eau et l’électricité, bref presque un palace ! Et surtout ce qui m’avait plu au premier abord c’était toute la place qu’il y avait dehors, l’absence de voisins et tous ces arbres qui faisaient comme un écrin à la maison. Avant de nous installer il fallut toutefois défricher, terrasser le devant, finir les lambris de la mezzanine (qui allait disparaître quelques années plus tard pour faire des chambres supplémentaires) et autres menus aménagements. Aujourd’hui bien sûr tout n’est pas fini et ne le sera sans doute jamais car c’est là le danger lorsque l’on s’installe dans une maison qui n’est pas achevée : on pose les cartons, on pare au plus pressé et on se dit que pour les détails on verra au fur et à mesure... sauf qu’on fini par reporter éternellement certaines choses !

photo maison 4

Quelques mois après notre arrivée, le premier printemps.


Du propriétaire précédent nous avons gardé quelques souvenirs, divers objets abandonnés dans un coin, dont un très beau dessin d’un de ses amis peintre représentant la vue depuis la maison : le petit chemin herbeux entre la tour et l’église, un dessin au fusain que des habitants du village, avec qui il avait juste eu le temps de sympathiser, avaient fait encadrer et offert en guise de bienvenue au propriétaire. Nous avons gardé ce tableau, il trône sur le buffet dans l’entrée, face à la vue qui l’a inspirée. Ça nous fait toujours un truc à raconter à nos visiteurs qui ne manquent pas de le remarquer.

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commentaires

A
<br /> merci pour cette belle histoire d'une maison qui n'existait pas dans ma folle jeunesse au village...<br />
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M
<br /> Eh bien, il semblerait que vous ayez fait le bon choix en achetant cette maison. Avec tous ces arbres autour, ça doit vraiment être très sympa (et bien plus beau que ces villas dont tu parles<br /> dans un autre article !).<br /> <br /> <br /> Bises du Cantal !<br />
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G
<br /> j'ai aussi une maison de maçon très saine et pas d'humidité et bien contente car les maisons par ici (région toulousaine) sont des repaires à rhumatismes....et quand je vois les nouveaux<br /> lotissements, je me dis que les kinés vont être heureux....gros bisous et ravie de voir plein d'articles à lire chez toi<br />
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E
<br /> Oui, effectivement une belle histoire, qui nous a rappelé d'excellents souvenirs. En effet, nous étions amis avec les anciens propriètaires et nous avions offert ce tableau dessiné par Edouard<br /> Gonzalez (aujourd'hui décédé). Que se serait il passé si le maçon avait respecté les plans originaux (en respectant la hauteur du vide sanitaire)? Ils seraient sûrement toujours là...et nous<br /> regrettons de les avoir perdus de vue. Mais à contrario nous n'aurions pas La Ségaline, qui donne une attention particulière à ce tableau porteur de souvenirs. <br />
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L
<br /> <br /> Je ne sais pas si vous avez gagné au change! En tous cas le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres. Je suis sûre que l'ancien propriétaire aurait apprécié que nous gardions un peu de<br /> lui dans ce qui a été quelques temps sa maison.<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> Et bé, quelle belle histoire. On croirait un rêve éveillé.<br />
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F
<br /> J'envie. J'habite un troisième étage en ville, enfin plutôt en bordure de ville. Ma douce eet moi, nous n'avons jamais eu les mêmes idées quant à l'emplacement de notre habitaiton. Elle voulait<br /> la pleine ville et moi la pleine campagen. Alors, on n'a jamais bougé de lendroit où nous étions posés. Par paresse, je crois, ou, en tout cas, faute d'avoir remis périodiquement le sujet<br /> sur la table ...<br />
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L
<br /> Chance, hasard, opportunité ... heureusement que cela existe et que l'on puisse en profiter alors que rien ne puisse le laisser penser au départ. Chacun d'entre nous a des exemples similaires<br /> dans sa vie et c'est tant mieux, cela apporte un bonus appréciable et apprécié.<br />
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S
<br /> Moi, j'ai un champ, qui me sépare de la forêt; toi non. Sinon, ma maison (construite entre 1912 et 1919) était aussi à l'abandon, entourée de friches quand je l'ai achetée. Pourtant, elle n'était<br /> pas à vendre, et j'ai dû convaincre sa propriétaire à s'en séparer, puis à baisser son prix. J'espère que ta galerie est exposée au Sud ou au Sud-Est!<br />
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