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22 mars 2018 4 22 /03 /mars /2018 11:41

 

En ce jour de grève et depuis quelque temps déjà on parle des cheminots et notamment de leur statut en voie de disparition avec la réforme envisagée par le gouvernement. Au gré de mes lectures de témoignages de ces hommes du rail il revient la même locomotive le même leitmotiv: ils s’offusquent de ce que l’opinion les considère comme des «privilégiés», 72% des français interrogés étant favorables à la fin de leur statut particulier. Prenons l’exemple d’un contrôleur qui s’exprime : il ne se considère pas comme privilégié car il a «sacrifié ses weekend, ses nuits et ses fêtes de familles» du fait de ses horaires particuliers, et qu’il ne touchera que 1800€ nets à son départ à la retraite… à 57 ans. Que ses conditions de travail et de vie n’aient pas été faciles ça personne ne dira le contraire, en revanche qu’il soit parmi les plus malheureux c’est autre chose: les infirmières elles aussi ont des horaires décalés, des responsabilités et des conditions de travail de plus en plus difficiles, elles n’ont pourtant pas les mêmes avantages en terme de retraite notamment, et je ne parle pas des avantages en nature dont bénéficient les cheminots à savoir des trajets gratuits.

Autre témoignage celui d’un agent de maintenance des voies: il est à la merci des intempéries, de jour comme de nuit, avec des horaires là aussi à géométrie variables. On pourrait comparer sa situation à celle d’un maçon ou d’un ouvrier du BTP en général, mais là encore la comparaison risque de ne pas être un argument en faveur des cheminots: ces derniers partiront à la retraite à 57 ans avec là encore une retraite qui n’est sans doute pas celle d’un ouvrier du privé.

 

Encore une fois je ne dis pas que leurs métiers sont faciles, loin de là, et leurs conditions de travail comme dans tout le service public, se dégradent du fait du manque d’effectif et de la pression croissante des usagers de moins en moins respectueux des travailleurs en général.

Mais qu’ils se considèrent comme les plus malheureux, ça je ne peux pas l’entendre. Surtout quand je lis que 92% des salariés de la SNCF bénéficient de ce statut si envié même lorsqu’il s’agit aussi d’emplois de bureau! Le problème des fonctionnaires en général, et j’en ai côtoyés beaucoup lors de mes remplacements à l'Education Nationale par exemple, et aujourd’hui encore en travaillant avec des fonctionnaires territoriaux, c’est que la plupart d’entre eux n’a jamais travaillé dans le privé, ils restent fermés dans leur petit monde et ne mesurent leurs conditions qu’à l'aune de ce qu’ils connaissent. Absence de jours de carence, congés maladies très complaisants à rallonge et sans contrôles, la liste est longue de ce qui serait impossible dans le privé sans entrevoir la porte de sortie.

Alors si ce ne sont pas des privilégiés au moins devraient-ils clairement se battre non pas pour le maintien de leur statut mais pour l’extension de ces avantages à l’ensemble des salariés qui travaillent dans les mêmes conditions qu’eux.

Mais le corporatisme a la vie dure. «Travailleurs unissez-vous» oui mais à condition de travailler dans le même secteur. Chacun sa merde quoi…

 

Ce que j’aimerais c’est qu’on entende davantage leurs revendications comme celles de la défense d’un service public de qualité, avec les usagers.

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commentaires

L
pas franchement d'accord avec toi : les cotisations des fonctionnaires sont plus élevées dans le public que dans le privé : les fonctionnaires sont ponctionnés très fort pour la retraite, d'où un "salaire" plus élevé quand ils quittent leur poste. Et savais-tu que la fameuse CSG que tout le monde règle rubis sur l'ongle a été mise en place par Rocard pour que les fonctionnaires soient solidaires des travailleurs du privé ? Lorsque ladite CSG a été étendue au privé, les fonctionnaires ont eu droit à deux CSG, la première n'étant pas abolie. Double peine donc. Et fonctionnaire ou pas, les retraités ont droit désormais à une CSG de 8,3 %, ce qui signifie que tout un chacun est considéré comme un privilégié dès qu'il perçoit plus de 1200 euros. Cessons une bonne fois pour toutes de taper sur le dos des fonctionnaires dont les salaires, à travail identique, n'égalent jamais ceux du privé. Et sais-tu que lesdits salaires, pour le personnel lambda, évolue peu et qu'il atteint seulement 2000 euros brut en fin de carrière (carrière longue : plus de 40 ans) ? Pas de quoi pavoiser, n'est-ce-pas ? Sans compter que rares sont les fonctionnaires qui ont vu appliquer la semaine des 35 heures. Corvéables à merci, comme tout un chacun. Finalement, hormis les hauts fonctionnaires (ceux qui sont passés par l'ENA), il n'y a pas de quoi en faire tout un fromage : on appelle cela une carrière... mais l'avancement n'est pas pour les petits fonctionnaires de base (les plus nombreux). Quant à la sécurité d'un poste de fonctionnaire, on oublie trop facilement qu'ils sont virables comme ceux du privés. Cessons de procéder à des clivages absurdes qui ne mènent nulle part.
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F
J'ai été fonctionnaire. Faut que je rase les mirs ? Blague dans le coin. Je me suis plutôt considéré comme privilégié. Loin tout de même et bien évidemment du statut des cheminots (qui est, c'est vrai, particulièrement avantageux). Ce qui me paraîtrait globalement souhaitable, ce n'est pas de contraindre les fonctionnaire à "descendre" au niveau du privé (pour les retraites en particulier), mais de "monter" le privé au niveau de vie des fonctionnaires. Mais, bon, je crois quand même que si j'avais fait carrière dans le privé, j'aurais peut-être gagné plus d'argent. Il y a privé et privé ! Il faut tout mesurer ...Florentin
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L
Pas besoin de raser les murs! Être privilégié ou pas, tout ça est bien relatif évidemment: on peut se considérer comme privilégié ne serait-ce que parce qu'on a du boulot tout simplement, alors... Je suis tout à fait d'accord avec toi: ce que propose le gouvernement c'est tout simplement un nivellement par le bas, toujours la bonne vieille même méthode, le tout en essayant de faire culpabiliser les salariés, quels qu'ils soient. C'est vrai après tout de quoi se plaint-on puisqu'on a du travail?...
P
Bien de ton avis Annie, d'autant plus que je viens de France Telecom , où la réforme du statut est passée comme une lettre à la poste, (comme les postier d'ailleurs), et l' EDF aussi_ ...et surement d'autres :DDE...et ça n'a pas mis la France à feu et à sang comme voudraient en profiter les "black truc" que l'on a vu férocement casser tout sur leur passage....
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S
Merci, Ségaline, de m'avoir fait économiser le temps que j'aurais passé à écrire les mêmes propos que toi, sans aucune réserve!<br /> <br /> Pour résumer mon point de vue, je suis partisan d'une refonte totale du "salariat", où employés du public et du privé seraient enfin mis sur pied d'égalité, et avec une perméabilité totale entre les deux catégories. Le CDI serait bien évidemment la norme, dans la mesure du possible, et il ne serait pas question de supprimer d'emplois dans le public. Certaines conditions avantageuses de départ en retraite pourraient se voir maintenues, non pas du fait d'appartenance à une quelconque corporation, mais bien en raison de la pénibilité de certains métiers.<br /> <br /> Le routier qui découche 4 fois par semaine serait alors sur pied d'égalité avec le roulant SNCF, et l'agent de TP/Voirie bénéficierait des mêmes avantages que son homologue du rail.
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A
Là tu y vas fort, se battre " pour l’extension de ces avantages à l’ensemble des salariés qui travaillent dans les mêmes conditions qu’eux" !<br /> Impossible, impensable, alors qu'actuellement dans le privé même le Code du travail est bafoué, que les accords signés avec les syndicats ne sont pas applicables parce que ton employeur fait partie (ou non) d'un autre syndicat, ceci dit la retraite du contrôleur me plairait bien !
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L
Hé oui que veux-tu, c'était ma minute "soyons utopistes"! Du coup cela nous amène à la conclusion que finalement tous ces cheminots et autres sont bien des privilégiés, quelque part, non?

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  • Ecrivain public, profondément rurale je revendique mon amour des bonheurs simples ainsi que mon droit à pousser des coups de gueule et des coups de coeur.
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