Quand j’étais plus vieille, c’est-à-dire quand j’avais une vingtaine d’années, voire un peu plus, j’aimais bien mettre des étiquettes notamment en musique et je ne concevais parfois pas d’écouter tel ou tel artiste simplement parce qu’il était catalogué dans un registre qui n’était pas celui que je préférais : rock, pop, folk, anglo-saxon de préférence. Dans ma vie ordinaire même je pense que je me conformais sans doute aussi à l’étiquette que je croyais m’être destinée : une étudiante en lettres ne fait pas ci, ou bien c’est plutôt cool de faire ça, plus tard prof de français je m’interdisais certaines lectures, devenue mère de famille je me disais que je ne pouvais décidément pas porter, dire ou faire ceci ou cela, bref que des carcans et des raisonnements idiots induits bien souvent par la pression sociale et une éducation tellement conformiste.
Mais ça c’était avant, quand j’étais vieille. Car aujourd’hui je me sens bien plus jeune que dans mes jeunes années. La faute à la cinquantaine sans doute qui m’a fait prendre conscience du temps qui passe et de l’intérêt de tirer le meilleur parti de celui qui nous reste. Je me suis d’ailleurs royalement octroyé une cinquantaine d’autres belles années à venir lors de mon anniversaire, que je n’ai bien sûr pas fêté, comme il se doit. Depuis que je suis redevenue jeune et que j’ai eu de nouveau quinze ans, à la faveur de cette étape mais aussi de la re-découverte ô combien salutaire du plaisir intense procuré par la musique, et peut-être aussi grâce au confinement, allez savoir, je me fiche pas mal de ce qu’on peut dire, à commencer par mes enfants pour lesquels je me fiche un peu de savoir si je suis un bon exemple, et dont j’espère qu’ils auront assez de personnalité pour se forger leurs propres jugements. Ce que c’est bon de sentir cette petite liberté…