Les touristes connaissent parfois bien des désagréments liés au voyage, au dépaysement, aux changements divers et variés : on connaît bien sûr la tourista, mais il n'y a pas que cela.
Le touriste en visite en Ségala, ou en Auvergne, surtout s'il est citadin, et a fortiori s'il est parisien, est fréquemment sujet à des hallucinations : c'est ainsi qu'il croit très souvent lorsqu'il conduit dans nos contrées, se déplacer sur des routes à sens unique : hérésie pure puisqu'il n'existe pas de sens unique en Ségala, nous sommes des gens très ouverts. Ainsi trompé par ses sens le touriste dont la voiture croise celle d'un autochtone a généralement le réflexe de freiner, plus ou moins brutalement, lorsqu'il ne s'arrête pas complètement, médusé de voir un véhicule arriver en sens inverse avec au volant un conducteur parfaitement détendu (voire hilare, allez donc savoir pourquoi) alors que lui serre les fesses.
Illusion d'optique que tout cela vous dis-je, car en vérité il n'y croit pas mais oui ça passe, deux voitures arrivent à se croiser sur nos charmantes petites routes sinueuses et tellement dépaysantes. Bien sûr il faut parfois savoir vivre dangereusement et se risquer à taquiner l'herbe du bas côté, voire parfois à écraser le champignon au sens propre du terme (en fin d'été et à l'automne principalement) mais oui ça passe. Encore tout émotionné par cette aventure le touriste a besoin de quelques instants pour se remettre et c'est encore hésitant qu'il reprend la route, parfois maugréant contre les ploucs qui roulent n'importe comment à la campagne, mais c'est normal, c'est un effet collatéral de ce genre d’hallucination. Il lui faut en général une quinzaine de jours pour s'y faire, avec de sévères rechutes s'il croise des tracteurs, dommage cela correspond souvent à son retour vers des horizons plus sereins où les routes sont larges et toutes droites, avec luxe suprême, un marquage au sol, et sur lesquelles personne ne vient en face.
Ah le touriste, c'est notre distraction à nous...