Tous les ans c’est la même chose à la même époque je ne cesse de le répéter : je déteste, je hais Noël. Pour ceux qui seraient de passage ici pour la première fois je leur conseille la lecture de mes précédents articles sur le sujet, cela m’évitera de ressasser la liste hélas non exhaustive de tous les griefs que je peux avoir contre cette période de l’année.
Et comme je suis une femme de conviction et loin d’être une girouette je peux dire que je suis assez satisfaite car une fois de plus ça n’a pas loupé : j’ai encore détesté ce Noël, peut-être même encore plus que l’année dernière d’ailleurs. Je pense que le niveau de mon agacement est proportionnel au nombre de cadeaux déballés. Déballés non pas par moi vous vous en doutez bien, mais par les enfants évidemment : monticule de papier déchiré jonchant le sol, cartons arrachés et piétinés, minuscules morceaux de jouets détachés et éparpillés à travers la pièce, etc, rien de nouveau c’est tous les ans la même histoire. Tout ça pour les entendre quelques heures après nous dire d’un ton désolé mais hélas sincère : « Je m’ennuie, je sais pas quoi faire». Consternant. Et pourtant ce n’est pas leur faute, je n’ai rien à reprocher aux enfants si ce n’est de croire encore pour certains au Père Noël. Car enfin s’ils n’y croyaient plus ce serait tout de même plus simple, on échapperait aux ridicules simagrées auxquelles j’ai dû assister hier chez nos hôtes : emmener les enfants dans les couloirs de l’immeuble en leur faisant croire qu’on allait essayer de voir si le grand barbu était dans les parages pendant que les complices installaient la montagne de présents dans le salon. Bon sang la petite n’a que 4 ans, on en a encore pour un moment avec ces conneries. Parfois, surtout ce matin, et parce que je suis une mauvaise mère, j’ai envie de prendre les deux plus jeunes entre quatre yeux et leur révéler tous les dessous de l’affaire: comment on a organisé ce gigantesque mensonge universel juste pour faire tourner à plein régime la machine à consommer. Mais je me retiens, je ne voudrais pas passer pour un bourreau d’enfants. Déjà que je passe pour une vieille rabat-joie quand j’ose, ô sacrilège, déclarer que je n’aime pas Noël...
Cette année encore plus que les années précédentes peut-être Noël m’est apparu comme l’accumulation indigeste de tous les clichés et les poncifs du genre. Le repas par exemple, même s’il a été fort bon, n’a été qu’un long défilé de tous les plats obligés en cette occasion : foie gras, escargots, fruits de mer, chapon aux marrons et bûche se sont succédé sans vraiment d’attrait, comme s’il fallait en passer par là pour que ça fasse vraiment Noël, et parce que ce ne serait pas Noël sans ces victuailles. Les adultes ont eu droit à leurs cadeaux, que chacun a accueilli avec politesse et sans réel enthousiasme, parce que là aussi c’est un passage obligé, tant pis si la chemise offerte est affreuse et restera à tout jamais dans la penderie, on tente d’afficher une mine aussi honnête que possible sans se répandre en commentaires.
Du convenu, des obligations et des contraintes, voilà tout ce que je vois dans cette fête de Noël qui pour moi est d’ailleurs tout sauf une fête. Et surtout une absence totale de ce qui est pour moi une grande source de plaisir : la spontanéité et la liberté.