Dimanche 15 juillet,
– 14 h : je prévois de prendre l’air et de profiter de la chaise longue sur la terrasse au calme pendant que les enfants et leur père squattent mon canapé favori.
– 14 h et quelques : à peine installée j’entends déjà brailler sous les chapiteaux en bas de chez moi qui ont été loués pour un anniversaire-surprise.
– 14 h et des brouettes : aux déjà agaçants « Happy birthday » se greffent des « Allez les Bleus », et je me rappelle soudain que ces convives par ailleurs footeux ont prévu de regarder la finale du Mondial à 17 h.
– 15-16h : passablement éméchés les footeux braillent de plus belle, l’anniversaire semble ne pas avoir fait long feu.
– 16h30 : les hostilités commencent avec des bribes de Marseillaise massacrée et j’entends quelqu’un s’inquiéter « Et comment on fait pour le gâteau ? » (il y a une formidable réverbération du son sur le mur de la salle des fêtes, j’entends tout comme si j’y étais, la cuite en moins).
– 16h30-17h50 : la liesse va crescendo et mon agacement itou.
– 17h05 : de rage je prends ma voiture et je pars chez des amis dont je sais qu’ils se fichent pas mal du foot. Oui il y en a, visiblement ce détail échappe à la foule de moutons.
– 17h-17h15 : pas âme qui vive sur les routes, c’est avec le recul le meilleur moment de l’après-midi, voire de la journée.
– 17h20 : j’arrive chez mes amis… et pense repartir aussitôt en voyant la télé allumée sur le match, mais on me dit que c’est dans l’espoir de voir gagner ces braves Croates.
– 17h25-18h30 : je bois le café dos à la télé en sourdine mais je sens bien que mes interlocuteurs ont les yeux sur le poste, des fois que les Croates remonteraient au score.
– 18h4 : je repars en faisant un petit détour histoire de ne pas croiser des hordes de supporters avinés qui peuplaient les cafés de part et d’autre de la rue principale de Beaulieu à l’aller. Personne encore sur la route qui longe la Dordogne en passant par Brivezac, deuxième meilleur moment de ma journée.
– 19 h et quelques : ça braille à qui mieux mieux en bas dans le village, la Marseillaise entrecoupée de « A poil ! »…
– 20h-1h : dîner et soirée fenêtres fermées en dépit de la chaleur pour atténuer le bruit de ces supporters qui prônent le respect mais certainement pas celui du voisinage ni du bon goût, et les coups de klaxon.
Conclusion de cette journée de merde : je déteste plus que jamais non pas le football en tant que sport mais ses supporters. Je sais qu’il ne faut pas généraliser mais on m’excusera de céder à la commodité.
Le football grâce à ses fans me semble incarner la beaufitude absolue et l’abrutissement total des masses. Et ce ne sont pas les « incidents » dont les médias disent ce matin qu’ils ont émaillé cette belle victoire (un ou deux morts, un incident en effet, alors que cela aurait été un drame affreux en cas de défaite, les proches apprécieront) qui me feront penser le contraire : je ne me rappelle pas avoir jamais vu de débordements quelconques lors de victoire en basket, au hand ou même au rugby. Il faut dire qu’on n’en fait pas un tel tapage.
Il faudra qu’on m’explique un jour pourquoi ce sport est si médiatisé. Ou plutôt non : qu’on ne me parle surtout plus de football, j’ai eu ma dose. Pour l’heure je boycotte les infos parce que je sais qu’on en a encore pour un bon moment.