Vous connaissez la ritournelle de «la mère Michel qui a perdu son chat», j’ai pour vous la version du Ségala, celle de «la mère Machin (c’est moi) qui a perdu son chien (notre Kiki national)». Cessez de pleurer dans les chaumières et de vous lamenter sur mon triste sort: Lucky n’a pas disparu, il nous a lâchement abandonné. Oui on parle souvent en été de l’abandon des animaux mais qui eut cru que des maîtres puissent être si honteusement et sournoisement quittés par leur animal de compagnie. Certes Kiki a toujours adoré les mondanités et ne rechigne pas devant un apéro avec un sous-préfet, mais plus que tout il a besoin de compagnie, et surtout de visages nouveaux. C’est ainsi que tous les étés immanquablement il va passer une semaine ou deux avec des vacanciers de passage chez lesquels il s’incruste allègrement, attirant sur lui non pas les foudres de ses hôtes mais au contraire leur bienveillance: cajolé, promené, Lucky ne revient que brièvement faire quelques incursions chez nous, histoire de voir si on ne lui aurait pas laissé un truc à grignoter dans sa gamelle. Tout cela ne dure pas bien sûr et les touristes partis il rapplique aussitôt, ce qui nous permet au passage de connaître un peu les allées et venues des résidents secondaires.
Sauf que… Sauf que cette année Lucky nous a planté un couteau dans le dos: il a décidé de s’installer chez des résidents permanents. Au début on ne s’est pas inquiétés, on s’est dit que comme d’habitude il avait trouvé une résidence secondaire qui venait de s’ouvrir et qu’il testait un peu la fraîcheur des vieilles bâtisses. Puis on s’est étonné de voir sa gamelle jamais vidée, et nos appels depuis l’autre bout du village sans réponse, pas même le bruit de son grelot la nuit nous signalant une discrète visite. Abandonnés, quittés sans ménagement, nous voilà laissés à notre triste sort. On fait ce qu’on peut et on ne lui a peut-être pas accordé toute l’attention qu’il pense mériter, mais force est de constater que nous sommes victimes de pratiques déloyales et que nous ne pouvons pas lutter: Kiki couche vraisemblablement dans un intérieur confortable (j’ai des témoins) et mange à satiété (il a encore grossi et ce sont les hérissons qui se chargent seuls de boulotter sa gamelle le soir venu), voilà qui lui aura vite fait oublier son panier dans le garage et ses croquettes. Bref on n’est pas près de le revoir.
Sauf s’il vient à causer un accident ou autre problème auquel cas ses nouveaux maîtres sauront sans aucun doute se rappeler qu’il est bel et bien à nous!
Sans être S.D.F Kiki est pourtant désormais à Larue, ceux qui nous connaissent saisiront le jeu de mot...