Avec le retour à l'école est revenu le temps des conversations entendues parmi les mamans ou avec les maîtresses. Et comme chaque année, mais de plus en plus au fur et à mesure que mes enfants grandissent, je suis restée quelque peu perplexe devant les agendas de ministres imposés à certains enfants pour le temps extra-scolaire, les mercredis et les samedis: poney, natation, judo, musique, danse, etc. Ce qui m'effraie ce n'est pas qu'un enfant ait UNE activité le mercredi après-midi, mais qu'il enchaîne les activités, pas toujours choisies mais c'est encore autre chose, comme s'il fallait absolument combler tous les trous qu'il pouvait y avoir dans son emploi du temps en dehors de l'école et des devoirs.
D'où vient cette frénésie des parents à vouloir occuper sans cesse leurs petites têtes blondes? Est-ce le désir secret, utopique et complètement contre-productif à mon avis, d'en faire des petits génies? La peur qu'ils s'ennuient une seule seconde et ne le supportent pas? Mais l'ennui c'est justement de là que nait la vie intérieure, la créativité, l'envie de faire quelque chose pour le tromper: si on occupe chaque minute d'un enfant comme peut-il rêver, jouer, penser à des choses qu'il aime? J'ai entendu récemment un pédo-psychiatre dire que le temps de la rêverie et de l'ennui était nécessaire au bon développement de l'enfant car il est utile à l'apprentissage et au développement de ses capacités. Mais avec un agenda surchargé comme ceux de certains enfants, pourtant si jeunes, où peuvent-ils bien trouver le temps de rêver?...
Étant jeune je me suis beaucoup ennuyée, du moins au sens où doivent l'entendre ces parents modèles qui croient que n'avoir rien à faire pour un enfant c'est forcément perdre son temps: je ne pratiquais pas d'activité le mercredi, et adolescente j'étais souvent seule à la maison pendant que mes parents étaient aux champs: c'est de cet ennui que m'est venu l'amour des livres puis celui de l'écriture, parce que quand on aime les mots on ne connaît plus l'ennui.