Les dévôts de l'Éducation Nationale

Vous savez combien il est courant de taper sur les fonctionnaires, ces bons à rien qui ont la sécurité de l'emploi, qui sont payés grassement à ne rien faire, surtout ceux de l'E.N qui ont tellement de vacances. Bien sûr je caricature mais on sait bien que certains sont persuadés qu'il s'agit là de la réalité. Je ne tenterai pas de les persuader qu'ils se trompent, car je n'ai que très peu de goût pour les causes perdues. Cependant je peux parler de certains de ces fonctionnaires qui redonnent foi en la fonction publique.

Les élèves d'une des écoles où je travaille ont participé à une manifestation appelée « Les écoles qui chantent » et qui se tient chaque année depuis quelques temps déjà: il s'agit de réunir différentes classes pour présenter un tour de chant, certaines chansons étant interprétées ensemble, d'autres ne concernant qu'une seule classe. Bien sûr les enseignants s'impliquent à fond et donnent de leur temps pour préparer leurs élèves, du temps qui n'est pas compté, mais vous savez bien que quand on aime on ne compte pas. Mais d'autres donnent sans compter, ce sont les conseillers pédagogiques, ou animateurs pédagogiques, je dois dire que ces subtilités de titres m'échappent quelque peu. En ce qui concerne notre classe, la personne en question, qui ne touche qu'un salaire de fonctionnaire tout à fait moyen, est seule à s'occuper de musique sur toute la circonscription, soit une grosse moitié du département, et pas la plus facile puisque la plus rurale, ce qui implique des temps de trajets très élastiques, de même que les horaires de ce fonctionnaire, inutile de dire donc que son travail déborde très largement des horaires de bureau couverts par ses émoluments. Pendant toute la préparation de cette manifestation il a contacté et assisté les enseignants, il a visité les écoles afin de mettre au point ce qui devait l'être, à l'écoute de chaque maître, ne rechignant jamais devant une visite supplémentaire au fin fond de la campagne pour aider à aplanir des difficultés. Et lorsque le grand jour arrive c'est toujours sans compter qu'il est présent ,jusqu'à des heures tardives qui là aussi débordent très largement des horaires de bureau. Vous me direz que ça fait partie de son travail. Certes, mais ce n'est pourtant pas pour ça qu'il est payé plus, et dans son cas s'applique une devise qui doit être chère à notre gouvernement: travailler plus pour gagner pareil.

Comments

[sirius]

Je ne mets pas tous les fonctionnaires dans le même sac! Pour simpifier à l'extrême, je dirai (ça ne va plaire à tous) que je les classe sur une échelle allant de 0 (ceux-là, on les trouve
principalement à la SNCF et dans les préfectures) à 10 (surtout le personnel hospitalier).


 


Aux premiers, je souhaite les affres de la privatisation qui leur ôterait peut-être un peu de cette arrogance conférée par leur impunité; aux derniers un peu plus de reconnaissance de la part de
leurs autorités de tutelle, et de meilleures conditions de travail.


 


Je connais de nombreuses personnes à l'EN, qui prennent réellement leur travail à coeur, et n'ai jamais considéré le personnel enseignant (et tous les divers conseillers qui gravitent autour
d'eux) comme des privilégiés. Surtout pas depuis que les enfants et leurs parents ont tous les droits, et que le respect des maîtres est de plus en plus considéré comme une valeur ringarde!

[Poucette]

Cela fait drôlement plaisir à lire !


Merci.


Très bonne soirée.

[La Ségaline]

Pas de quoi. Ferais-tu partie de cette grande et noble maison qu'est l'EN?

[Pangloss]

Il y en a des bons.

[La Ségaline]

Je ne sais pas si je me fais des idées mais il me semble entendre derrière ce commentaire des plus laconiques comme un "mais ils ne sont pas nombreux", je me trompe?

[laophi]

Il n'y a pas que le salaire dans un boulot, il y a aussi le désir, l'envie  et si on pouvait chiffrer, toutes corporations et métiers confondus, le montant de ce travail non payé, ce serait
effarant.


Ceci est bien connu dans les ministères et au delà mais tu connais la musique il n'est pas question de faire de fausses notes en tuant une poule aux oeufs d'or.
Mais il pourrait y avoir la reconnaissance quand même, c'est un minimum.

[Jean-François Vionnet]

Bonne défense de l'Education Nationale. Bien que je n'aime pas le terme éducation, je préfèrais instruction publique. L'éducation devant être réservée aux parents. Bien sûr, il y a beaucoup de
bénévolat ou presque chez ces enseignants ou assimilés, qui s'occupent très bien des enfants, mais comme d'habitude, on les prend pour des nantis qui en plus sont fainéants.


Amitiés du Vivarais.

[Le Mousquetaire des Mots]

Bonjour Ségaline,


Et bravo pour ce morceau de bravoure. Enfin, quelqu'un qui reconnaît aux fonctionnaires de l'EN leurs qualités essentielles : dévouement, investissement,
heures sups... On a tellement l'habitude d'entendre la même ritournelle à leur sujet (métier de fainéants, trop de vacances, sécurité de l'emploi,...) que l'on doit applaudir à ton article. Et
dire que ce sont les technocrates qui distillent à plus soif tous ces racontars qui collent à la peau de ces enseignants... ! Histoire de bien scinder en deux public et privé. Ce clivage est
largement relayé par les médias (et ça ne date pas d'hier) qui, à leur tour, narrent avec délectation les "méfaits" de ces gens-là, les culpabilisant, détruisant avec sadisme la réputation de ces
"maîtres" qui forgent l'intellect de notre progéniture.


D'aucuns rétorqueront qu'il s'agit d'un cas à part, d'une matière mineure (tout comme le dessin) et ajouteront qu'à la campagne, ce n'est pas comme en ville.
Pour eux, ce sera l'exception qui confirme la règle. C'est plus facile ainsi. Or, quoi qu'en pensent les détracteurs du corps enseignant, tous sont des gens exceptionnels car il en faut de la
constance, et aujourd'hui plus que jamais, pour porter toute une classe souvent très hétéroclite et l'amener à assimiler les programmes édictés par le ministère.


Merci Ségaline.            Fred