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Je sais que je vais encore passer pour une vieille rabat-joie mais je suis soulagée que Noël soit enfin terminé. Jadis avant d'avoir des enfants j'appréciais cette période car elle était synonyme de retrouvailles avec tous les amis exilés au quatre coins de la France (heu de la région en fait), mais depuis que j'ai des enfants je me suis mise à carrément détester cette époque de l'année. Le premier Noël avec le divin enfant en fait il était trop petit pour apprécier, il n'avait que deux mois, je me suis donc laissé du temps en me disant que lorsqu'il serait plus grand ce serait mieux: à nous les clichés éculés de ces gosses émerveillés devant le sapin, ivres de bonheur et les yeux aussi scintillants que la guirlande électrique en découvrant les cadeaux le matin de Noël, etc...
Blablabla que tout ça! D'abord le sapin c'est toujours moi qui m'y colle, et je ne suis pas douée pour la déco, même si le grand m'aide un peu, ça ne l'amuse guère que le temps de mettre la première guirlande, ensuite pour ce qui est des cadeaux il en arrive de partout ils ne savent plus où donner de la tête et finissent toujours par jouer avec la même chose, quand ce n'est pas avec un jouet de l'année précédente.
Et puis il faut dire que je me trimballe le lourd héritage chrétien de ma famille pour laquelle cette fête n'a toujours été que religieuse: dans mon enfance le soir de Noël on allait à la messe, quand on rentrait il n'y avait ni sapin ni Père Noël dans la cheminée, encore moins de cadeaux le lendemain au réveil. N'allez pas croire que je fais ma Cosette et que j'ai vécu une enfance atroce parce que je n'avais pas la poupée qui fait « Ouiiiinn » ou le dernier jean à la mode, non pas du tout; sans doute j'ai du éprouver de la frustration parfois mais comme n'importe quel enfant ou adolescent même pourri gâté. En tous cas c'est sûrement de là que provient cette sensation d'overdose que j'éprouve à chaque Noël alors que les journaux télévisés ne cessent de nous seriner que le compte à rebours est enclenché et qu'il ne nous reste plus que quelques jours pour dénicher les derniers cadeaux, et de nous bassiner avec ces images de magasins grouillant de monde, les mêmes qui se serrent la ceinture toute l'année. Du coup nous qui ne nous faisons jamais de cadeaux pour les occasions obligées (mais uniquement par surprise et sans raison) on passe un peu pour des martiens: « Quoi, tu n'offres rien à ton mari pour Noël???!!! », « T'as eu quoi pour Noël? - Rien – Ah bon, mais pourquoi? » J'en passe et des meilleures car je ne suis pas non plus douée pour décrire les mines ahuries et hébétées de mes interlocutrices (les hommes sont moins sensibles à ce genre de choses) tellement malheureuses pour moi qu'elles seraient prêtes à m'adopter pour me sauver du traitement ignoble et injuste dont je suis victime.
Je déteste donc Noël et force est de constater que Noël me le rend bien, il y en a même qui semblent profiter de cette occasion pour glisser au passage une vacherie, c'est ainsi que je viens d'avoir la certitude qu'une de mes belles-sœurs me déteste: en effet qui d'autre que quelqu'un qui vous veut vraiment du mal irait offrir à vos enfants, et en double exemplaire pour qu'ils ne se disputent pas (on voit bien qu'elle ne les connaît pas) un jouet constitué d'une myriade de petits personnages munis de minuscules accessoires qui vont immanquablement joncher le sol de la maison et engendrer d'inévitables crises de nerfs au moment de ranger tout ça? Quelqu'un qui ne m'aime pas et en veut à ma santé mentale, forcément.
Ça m'est égal je sais déjà que je pourrais me venger en faisant disparaître involontairement quelques pièces de temps en temps dans l'aspirateur « Oups! Oh mon chéri je suis désolée, le petit bonhomme est passé dans le tuyau et il n'y a aucun moyen de le récupérer, quel dommage... ». Évidemment ça va m'obliger à passer l'aspirateur...quand je vous disais qu'elle ne m'aimait pas!