Je n’aime pas vraiment me retourner sur mon passé, je ne suis pas du genre à dire que c’était mieux avant et je ne suis pas excessivement nostalgique de ma jeunesse, je suis plutôt adepte du précepte chanté par Fleetwood Mac « Don’t stop thinking about tomorrow ». Pourtant force est de constater qu’il m’arrive de me dire que ma vie aurait pu être tellement plus… comment dire, plus « fun » peut-être ?
Je ne sais pas si c’est l’arrivée de ma cinquantaine ou bien ma redécouverte d’émotions adolescentes (merci encore Blankass et Oasis !), mais je me dis que l’existence que j’ai menée jusqu’à présent, parfaitement heureuse au demeurant, a manqué d’une certaine saveur. Une vie tranquille, un foyer très heureux et je crois réussi, une vie professionnelle des plus variées (merci la précarité !) mais qui m’a toujours plu, je n’ai jamais manqué de rien et je n’ai pas connu de grand drame qui ait pu marquer ma vie. Excepté la perte de mon meilleur ami, mon double, mon alter ego, à 18 ans et dont il ne se passe pas une journée sans que j’aie une pensée pour lui. Mais je me dis qu’elle a été vécue sans passion.
Je regardais un reportage l'autre jour sur Arte (la chaîne où l’on ne nous rebat pas les oreilles avec le Covid), il y était question d’un atelier de customisation de vieilles motos, dont l’un des mécanos après un cap de mécanique avait mal tourné et s’était retrouvé à travailler dans le milieu du web. Jusqu’au jour où il s’était aperçu qu’au boulot il ne faisait qu’attendre l’heure de la sortie pour aller bricoler ses bécanes et où il avait décidé de vivre de sa passion.
J’ai repensé aussi à la vie d’artiste, et plus particulièrement à la vie de mes Berrichons parce qu’ils ont commencé tellement jeunes : à quinze ans à peine faire la première partie des Clash ou de U2, forcément ça trace un destin. Je me dis qu’ils ont eu la chance de vivre de leur passion depuis toujours, sans concessions, ils n’ont jamais renoncé et c’est une chance incroyable. Évidemment ce n’est pas qu’une question de circonstance, le talent était là et bien là, ainsi que la passion qui les anime même si le destin est fait d’une somme de facteurs qu’on maîtrise rarement.
Avoir une passion et la vivre c’est sans doute ce qui donne au moins en partie ce sel à la vie. Avoir un talent et le cultiver aussi. Quand je me retourne un peu je me dis que c’est ce qui a manqué dans ma vie : je ne suis pas musicienne (un grand fantasme à jamais inassouvi), je n’ai aucun talent particulier pour quoi que ce soit, rien que j’aurais pu développer au point d’en vivre. Tant pis.
Je souhaite à mes enfants de pouvoir développer un talent ou des aptitudes particulières et, s’ils en ont l’envie, de pouvoir en faire leur vie pourquoi pas. Histoire qu’ils puissent eux aussi un jour se retourner et se dire qu’ils ont vraiment bien vécu.