L'autre jour en consultant les mails de l'école j'en ai trouvé un qui s'est avéré une petite récréation au milieu des mails publicitaires, des énièmes notes de service de l'Inspection et autres tracasseries administratives. Il émanait d'une école du département dont l'enseignant tenait à relayer la prise de position d'un proviseur dans un courrier adressé au ministre de l'EN et que je vous donne à lire à mon tour. Je n'ai pas éprouvé le besoin de commenter cette lettre tant tout me semble dit et fort bien dit, M. Ascher dresse un tableau lucide de ce secteur de la fonction publique complètement miné, saboté, torpillé par ses propres têtes pensantes.
Michel ASCHER
Proviseur honoraire
xxxxxxxxxx
xxxxxxxxxLILLE
Lille le 22 décembre 2010.
Monsieur le Ministre,
Le 25 juillet 1996, M. François Bayrou, ministre de l'Education Nationale de l'époque, a signé mon diplôme d'accès au grade de Chevalier dans l'ordre des Palmes Académiques. Le 1er octobre 2004, M. François Fillon, ministre de l'Education Nationale de l'époque, a signé mon diplôme d'élévation au grade d'officier dans l'ordre des Palmes Académiques.
Je reçus cette distinction comme un honneur et comme la reconnaissance d'un travail accompli dans des secteurs géographiques variés, souvent défavorisés (Roubaix, Louvroil, Tourcoing, Seclin).
Dans ces différents postes, d'abord comme principal, puis comme proviseur je me suis toujours attaché à tout mettre en oeuvre pour offrir aux élèves accueillis la meilleure formation possible.
Pour ce faire, j'ai travaillé en lien étroit avec les différentes équipes pédagogiques pour que la prise en compte des élèves en difficulté soit une réalité et que des conditions décentes d'encadrement soient respectées.
Aujourd'hui quand je découvre que les Recteurs des Académies se verront attribués une prime allant de 15000 à 22000€ par an s'ils parviennent à supprimer le plus de postes possible ou, mieux encore, s'ils osent fermer purement et simplement une dizaine d'établissements par Académie je ne peux rester sans réaction devant un tel cynisme.
C'est pourquoi, mon indignation étant à son comble, je ne souhaite plus que mon nom reste lié plus longtemps à cette distinction dans l'ordre des Palmes Académiques.
Tout au long de ma carrière passée à l'Education Nationale il m'est arrivé de ne pas être en accord avec telle ou telle orientation générale de l'institution, mais le débat existait encore et des solutions pouvaient parfois être trouvées. Aujourd'hui, seule
la logique comptable a droit de cité et le passage en force est la règle de conduite qui, seule, semble pouvoir être retenue. Nos concitoyens, à qui de plus en plus d'efforts sont demandés, ne pourront que se sentir une fois de plus humiliés par ce geste scandaleux et hautement symbolique d'un pouvoir qui met l'argent au dessus de tout. Rétribuer un représentant de l'Etat sur sa capacité à détruire encore plus le service public d'Education est un acte qui vous déshonore totalement. Voilà pourquoi j'ai décidé de vous renvoyer mes diplômes de Chevalier et d'Officier des Palmes Académiques.
Par votre mépris et votre cynisme vous humiliez
tous les personnels de l'Education Nationale qui n'en peuvent plus de devoir accomplir leur mission dans des conditions que votre politique à très court terme rend de plus en plus déplorables.
Je ne peux, Monsieur le Ministre que vous transmettre l'expression de ma très profonde tristesse.