Lundi soir fut encore une morne soirée télévisuelle m'obligeant à zapper de-ci de-là; le casting du Pigeon m'avait un temps interpellée avec François Morel, Thierry Lhermitte, mais le soufflé est retombé bien vite...J'aurais dû me méfier c'était sur TF1. Bref lors de ces pérégrinations cathodiques voilà que je tombe sur un opportun documentaire sur la retraite. Ayant perdu encore une fois mon temps ailleurs je n'ai malheureusement vu que la fin. Mais j'ai regardé un bout du débat qui suivait: sur le plateau différents travailleurs sensés représenter divers cas de figure de retraites, parmi lesquels une femme d'une quarantaine d'années ayant passé vingt ans au foyer à élever ses enfants et ayant entamé depuis peu une carrière en free-lance, un électricien travaillant sur des chantiers avec des conditions que l'on peut imaginer (froid, pluie, altitude) et surtout un cinquantenaire assez fringuant, conducteur de train ou de TGV je ne sais plus et peu importe. Bien sûr ce dernier était prêt à défendre bec et ongles ce qui pour lui est un acquis social et que par égard pour sa corporation nous ne nommerons pas des «privilèges». Le contraste entre sa forme physique et celle de l'électricien pourtant sensiblement du même âge était assez saisissant, or l'un des deux allait être à la retraite (52 ans je crois) et l'autre allait devoir travailler dix ans de plus: cherchez l'erreur. Je n'ai rien contre les fonctionnaires, pas plus les cheminots que les postiers ou les profs, d'ailleurs force est de reconnaître qu'il existe une grande disparité de traitement entre eux et même des injustices. Mais enfin j'ai du mal à comprendre qu'on accorde encore aux cheminots par exemple des conditions on ne peut plus avantageuses à bien des niveau alors que celles-ci n'ont plus lieu d'être: certes conduire des trains c'est du stress, des conditions de vie et des horaires difficiles, personne ne les contredira mais personne ne contestera non plus le fait que cette pénibilité n'a rien à voir avec les conditions de travail qui ont jadis motivé ces aménagements à savoir passer ses journées à pelleter du charbon pour faire avancer la locomotive. Que le stress les empêche de conduire un train au-delà de 50 ans pourquoi pas, il n'y a qu'à leur trouver un autre poste plus reposant pour les dix ans qui suivent, non? Pourquoi exiger de ceux qui travaillent dans le privé de continuer à subir leur travail pendant que d'autres en sont dédouanés? Et pourquoi être obligé de travailler jusqu'à 60 ou 62 ans alors qu'on a tous ses trimestres et même parfois bien plus pour ceux qui ont commencé à travailler à 14 ans, hein? Et je ne parlerais pas ici de la condition des femmes qui ayant interrompu de temps en temps leur carrière parce qu'on leur disait «Faîtes des enfants, c'est pour l'avenir du pays» se voient pénalisées à l'heure de la retraite. Soit dit en passant même sans enfants la retraite des femmes sera toujours injuste puisque leurs salaires le sont déjà (25% de moins qu'un homme paraît-il).
Évidemment je n'ai pas creusé plus que ça ce dossier des retraites, mais il me suffit de regarder autour de moi: mon mari qui respire les vapeurs de goudron en pleine canicule sur les routes, son collègue au dos cassé par les journées passées à conduire des engins dans une carrière, des routiers stressés aux horaires décalés, des infirmières stressées aussi qui travaillent de nuit, des ouvriers qui passent leur vie sur une chaîne dans la chaleur et le bruit pour un salaire de misère, des agriculteurs de 80 ans obligés de continuer à travailler un peu de terre pour les nourrir parce que leur pension de retraite indécente et insultante ne le leur permet pas, j'en passe et des meilleures. Et tous ces braves gens devront travailler jusqu'à ce que mort s'en suivejusqu'à plus de 60 ans pendant que d'autres profiteront d'une retraite anticipée alors qu'ils sont encore en forme et en mesure d'en profiter. Parce que la retraite à 60 ans déjà certains sont trop usés pour pouvoir en profiter. Tous ces retraités qui partent vivre au Maroc ou ailleurs, font de jolis voyages et retrouvent une seconde jeunesse, je ne sais pas ce qu'ils ont fait comme travail mais personnellement je n'en connais pas dans mon entourage, question de milieu social sans doute...
Toutes ces injustices et le mur devant lequel nous sommes acculés aujourd'hui ne sont que le résultat de l'incapacité du gouvernement (et des précédents) à régler une bonne fois le problème du travail: plus de travailleurs égale plus de cotisations, non? Il me semble que l'équation est assez simple, mais sans doute ma vision du problème l'est un peu trop elle aussi, je vous l'accorde.
Il y aurait aussi la solution, pas très compliquée non plus de ponctionner les revenus du capital et d'arrêter de faire des cadeaux aux riches, mais bon on ne voudrait pas priver Bolloré et ses copains du CAC 40 du petit plaisir de s'offrir un autre yacht, tout de même il ne faut pas exagérer.