Lors de nos pérégrinations caussenardes (cf article précédent, je suis trop paresseuse fatiguée pour mettre un lien), et après un bon petit repas très local et diététique (rillettes de canard, confit de la même bête, pommes sautées et cabécou), nous nous sommes acquittés de la seconde partie de la promesse faite aux enfants: aller voir les aigles sur leur fameux rocher.
Le «Rocher des aigles» est en fait un parc ornithologique créé en 1977 et qui compte aujourd'hui plus de 400 oiseaux de 60 espèces différentes, des rapaces (diurnes et nocturnes) et des perroquets. Outils pédagogique et scientifique à la fois il permet aux visiteurs de mieux connaître ces animaux qui ont longtemps souffert de mauvaise réputation: je pense à ces malheureuses chouettes et hiboux que l'on a cloués sur les portes des granges durant des siècles afin de conjurer le mauvais sort.
Le parc possède toute une partie destinée à la reproduction de toutes ces espèces dont certaines sont en voie de disparition, mais il y a également une partie permettant l'observation de ces rapaces au plus près: les oiseaux sont attachés par les pattes afin qu'ils ne s'échappent pas bien sûr mais leurs mouvements ne sont pas complètement entravés et ils peuvent aller librement dans leur petit coin. C'est extraordinaire de voir ces animaux normalement si lointains d'aussi près. J'ai toujours eu une fascination pour les rapaces, ils sont si majestueux, puissants, élégants, discrets et surtout tellement utiles à la nature. D'ailleurs en pensant au rôle nécessaire que jouent les charognards que sont les vautours par exemple je me suis fait la réflexion que finalement au milieu de toute la biodiversité et si on considère la nature dans son ensemble, l'espèce humaine est la seule qui soit (avec le frelon et la guêpe, j'ai un vieux contentieux avec ces deux) parfaitement superflue sur la terre: toutes les autres espèces animales ou végétales sont utiles et indispensables alors que la nature pourrait fort bien se passer de l'homme... Elle ne s'en porterait même que mieux.
Mais revenons à nos moutons, enfin nos rapaces. Non content de nous permettre de les observer dans leurs enclos sans grillage ou derrière le grillage dans de grandes volières, le parc du Rocher des aigles présente aussi deux spectacles étonnants de vol libre, un sur les rapaces et l'autre sur les perroquets. Voir évoluer en liberté ces oiseaux immenses et majestueux (oui je sais je me répète mais les mots me manquent), obéir aux gestes des dresseurs qui les rappellent puis voir fondre ces énormes bêtes à toute vitesse au dessus de nos têtes, franchement c'est impressionnant. Les rapaces qui sont dressés pour ces spectacles, une fois revenus au sol (certains restent longtemps dans le ciel, prenant tout leur temps et ignorant les consignes mais finissant toujours par revenir) se promènent parmi le public, parce que pour le coup le spectateur devient pour l'animal une curiosité, et ils semblent presque des animaux de basse-cour, mais qu'on ne s'y fie pas, ils restent de dangereux prédateurs au bec et aux serres redoutables. Mais c'est vraiment une occasion unique de pouvoir les observer de si près. Un des moments forts du spectacle avec les rapaces c'est lorsque l'on se retrouve assis par terre jambes allongées et qu'un grand vautour de près de dix kilos nous marche dessus, là aussi c'est quelque chose d'unique. Les enfants adorent également lorsque les dresseurs leur posent sur la tête un tout petit rapace dont j'ai bien sûr oublié le nom, ou lorsqu'ils leur font donner des graines de tournesol aux perroquets.
Moi qui répète autant que je le peux à mes enfants que les animaux sont faits pour être en liberté, et que je déteste notamment les oiseaux en cage, j'espère qu'ils auront été sensibles à toute la beauté de ces animaux lorsqu'ils sont (presque) libres.
Voilà comment j'ai appris que j'avais enfanté un perchoir...
Dur dur d'être une star, le spectacle l'a tellement épuisé qu'il dort debout le pauvre...